Departures
7.6
Departures

Film de Yôjirô Takita (2008)

J'éprouve une adoration sans faille pour le cinéma asiatique. Il est toujours empreint d'onirisme et de poésie même quand il se veut violent. De plus, ce dernier a le don d'exhiber avec goût et grâce ce qui est tabou pour un peuple si pudique. D'ailleurs, il faut savoir qu'au Japon la mort est sujet à une grande cérémonie, mais également un tabou.


Ainsi, c'est donc tout naturellement que mon regard s'est posé sur 'Departures' où le synopsis m'intriguait au plus haut point. Oui, j'ai toujours eu un penchant pour ce qui touche à la mort et par conséquent la vie étant donné que vivre c'est aussi mourir.


Donc là, je ne vous cache pas que je suis à un haut degré d'excitation (calme toi Rufus), mais en apprenant également que Joe Hisaishi (auteur de toutes les musiques des films Miyazaki) serait le compositeur et que j'écouterais du violoncelle (penchant pour les cordes et la mort...oui je sais), j'ai immédiatement allumé le PC et enfilé ma tenue de cinéphile (peignoir - charentaises) pour une concentration optimale.


Et là c'est le drame....mon coeur s'est arrêté de battre.
Un mélodrame navrant qui m'a laissée pour sa quasi totalité indifférente. Plus on avance dans l'histoire, plus le film est niais, mou et creux. On traite un sujet tabou, mais de façon superficielle afin de ne pas heurter...POURQUOI?


En outre, Motoki a beau avoir étudié l'art de la mise en bière et appris à jouer du violoncelle avant le tournage pour endosser son rôle à la perfection (ce que j'admire), je l'ai trouvé lisse et insipide. Seuls les personnages secondaires étaient vivants et vibrants (dont Tsutomu Yamazaki en particulier) SAUF UNE: son épouse que j'aurais préférée morte (ça aurait rajouté un peu de pathos et d'émotion en plus). Elle est juste insupportable avec sa voix et son allure d'attrape pédophile.


Et que dire du fait que tout le monde rejette Daigo cause de son métier jugé honteux (le vilain petit canard), mais le remercie par la suite avec quelques excuses pour cette maladresse de jugement? Sa femme menace également de le quitter s'il garde cet emploi, mais finalement reste sans véritable effort...à quoi servait donc cette intervention du film? Personne ne s'emporte, tout est plat: on baigne dans un monde de vivants aux identités et convictions bien trop absentes voire mortes. Bref, tout est rose chez les jaunes.


Néanmoins, j'ai trouvé certains éléments positifs comme l'idée de certains décors: des lieux en voie de disparition, oubliés du temps, à la fois mélancoliques et chaleureux, comme les bains publics. Il y a également la Première mise en bière de la vieille dame qui est pour moi très émouvante et réussie, montrant aussi les travers de ce métier aussi utile que difficile (odeurs, aspect méconnaissable...). Car, il faut bien le dire: à voir ce film on pourrait croire que TOUT mort est splendide et respire la vie avec un peu de blush...Quitte à traiter un sujet tabou autant l'assumer jusqu'au bout au lieu de voiler la vérité.
Enfin, il y a cette très belle (mais courte) scène où Daigo ressent un besoin vitale de toucher et sentir le corps chaud, mais surtout vivant de sa femme pour rester en connexion avec ce monde qui respire.


Voici donc une oeuvre toute en oxymore avec un fond profond, mais une forme brouillon.

sandracritique
4
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le 26 août 2016

Critique lue 307 fois

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sandracritique

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