Bien connu pour ses fresques de samouraï en noir et blanc, le réalisateur idolâtré Akira Kurosawa a cette fois tourné un film bien différent, délaissant le Japon du passé pour un film tourné sur un thème qui lui est cher, la nature. Autre particularité, Kurosawa s’est tourné vers la Russie pour réaliser son film.

Un capitaine de l’armée russe est envoyé en mission d’exploration dans une région reculée et encore peu connue. C’est là qu’il fait la rencontre d’un individu singulier : Dersou Ouzala. Malgré son âge avancé, cet homme fait preuve d’une endurance peu commune. Son regard acéré, son expérience de la taïga et ses talents de chasseur n’ont rien à envier à l’entraînement des militaires. Membre du peuple des Goldes, peuple chamanique, il considère que chaque élément est doté d’un esprit et perçoit chaque animal comme un habitant de la forêt qui a droit au respect. Ainsi nul gaspillage de nourriture, les restes sont donnés aux autres résidents. Dersou fait ainsi preuve d’une grande générosité, prêt à laisser des vivres dans un refuge pour d’autres voyageurs. Un comportement qui ne laisse personne indifférent au sein de la troupe, et une profonde amitié naît entre lui et le capitaine.
La taïga est un endroit magnifique, aux feuilles de couleurs vives, où la pleine lune se détache dans le froid de la nuit sur un lac gelé, dans un silence troublant. Contrairement à la vie urbaine où tout est réglementé, cet espace représente la liberté. Mais ce peut aussi être un espace dangereux, apte à surprendre le voyageur imprudent. Froid, vent, neige, tigre, la nature peut se révéler impitoyable envers celui qui n’a pas la force de survivre.

Kurosawa montre ainsi la double facette de la nature, magnifique et dangereuse à la fois. « Dersou Ouzala » est aussi une histoire humaine : la camaraderie de l’expédition qui chante des chants traditionnels (en russe s’il vous plait), des rencontres étonnantes, et une forte amitié entre deux hommes différents.
Enlak
9
Écrit par

Créée

le 22 juin 2014

Critique lue 414 fois

9 j'aime

9 commentaires

Enlak

Écrit par

Critique lue 414 fois

9
9

D'autres avis sur Dersou Ouzala

Dersou Ouzala
Kobayashhi
9

Oh Captain, My Captain !

Dersou Ouzala, c'est d'abord la renaissance du Phoenix Kurosawa qui après l'échec cuisant de Dodes'kaden a tenté de se suicider, fort heureusement, ce fut un échec. Il nous revient 5 ans après avec...

le 2 sept. 2013

89 j'aime

5

Dersou Ouzala
Sergent_Pepper
8

Taïga con dios.

[Série "Dans le top 10 de mes éclaireurs : Ochazuke] Lorsqu’on jouit d’une filmographie aussi dense et prestigieuse que celle de Kurosawa, le défi pour se renouveler et poursuive son œuvre peut...

le 24 janv. 2015

88 j'aime

11

Dersou Ouzala
oso
9

Un coeur de tigre pour une âme vagabonde

Exploiter l’adversité que réserve dame nature aux intrépides aventuriers pensant amadouer le sol de contrées qui leur sont inhospitalières, pour construire l’attachement réciproque qui se construit...

Par

le 14 déc. 2014

58 j'aime

8

Du même critique

Interstellar
Enlak
9

"Nous sommes les fantômes de l'avenir de nos enfants"

Tout d’abord, l’annonce que Christopher Nolan se lançait dans un nouveau projet de science fiction, et dès l’annonce du concept, l’attente fébrile avait commencé. Un vaisseau qui allait visiter des...

le 20 nov. 2014

56 j'aime

13

Minority Report
Enlak
9

Critique de Minority Report par Enlak

Deuxième adaptation de Philip k Dick la plus réussie, après « Blade runner ». Vu, revu et rerevu à une époque où les films disponibles étaient limités, ce qui explique mon affection personnelle pour...

le 11 sept. 2013

49 j'aime

4

Transcendance
Enlak
5

De très bonnes idées gâchées par un traitement maladroit

Des scientifiques tentent de mettre au point la première intelligence artificielle, dans le but de changer le monde, d’accéder à une nouvelle étape de l’évolution et de régler les problèmes que...

le 30 juin 2014

37 j'aime

8