Bien connu pour ses fresques de samouraï en noir et blanc, le réalisateur idolâtré Akira Kurosawa a cette fois tourné un film bien différent, délaissant le Japon du passé pour un film tourné sur un thème qui lui est cher, la nature. Autre particularité, Kurosawa s’est tourné vers la Russie pour réaliser son film.
Un capitaine de l’armée russe est envoyé en mission d’exploration dans une région reculée et encore peu connue. C’est là qu’il fait la rencontre d’un individu singulier : Dersou Ouzala. Malgré son âge avancé, cet homme fait preuve d’une endurance peu commune. Son regard acéré, son expérience de la taïga et ses talents de chasseur n’ont rien à envier à l’entraînement des militaires. Membre du peuple des Goldes, peuple chamanique, il considère que chaque élément est doté d’un esprit et perçoit chaque animal comme un habitant de la forêt qui a droit au respect. Ainsi nul gaspillage de nourriture, les restes sont donnés aux autres résidents. Dersou fait ainsi preuve d’une grande générosité, prêt à laisser des vivres dans un refuge pour d’autres voyageurs. Un comportement qui ne laisse personne indifférent au sein de la troupe, et une profonde amitié naît entre lui et le capitaine.
La taïga est un endroit magnifique, aux feuilles de couleurs vives, où la pleine lune se détache dans le froid de la nuit sur un lac gelé, dans un silence troublant. Contrairement à la vie urbaine où tout est réglementé, cet espace représente la liberté. Mais ce peut aussi être un espace dangereux, apte à surprendre le voyageur imprudent. Froid, vent, neige, tigre, la nature peut se révéler impitoyable envers celui qui n’a pas la force de survivre.
Kurosawa montre ainsi la double facette de la nature, magnifique et dangereuse à la fois. « Dersou Ouzala » est aussi une histoire humaine : la camaraderie de l’expédition qui chante des chants traditionnels (en russe s’il vous plait), des rencontres étonnantes, et une forte amitié entre deux hommes différents.