Futur réalisateur de comédies à succès dans les décennies suivantes, Edouard Molinaro a commencé sa carrière dans le film noir, avec une réussite certaine, à l'image du remarquable "La mort de Belle", à mes yeux le sommet de cette phase "policière".


Deux ans plus tôt, Molinaro signait pourtant le médiocre "Des femmes disparaissent", petit thriller consacré à la traite des blanches, ce vieux mythe qui faisait fureur dans ces années-là, au point de donner lieu à deux autres films pareillement titrés, l'un en Italie ("La tratta della bianche" de Luigi Comencini, 1952), l'autre en France ("La traite des blanches" de Georges Combret, 1965).


Le temps d'une longue nuit, on suit donc le fonctionnement d'une mystérieuse organisation chargée d'entraîner des jeunes femmes innocentes sur le chemin de la prostitution.
Le traitement du sujet laisse franchement à désirer, et tout cela n'apparaît guère crédible, malgré les efforts méritoires de Jacques Dacqmine pour incarner un chef de bande cruel et cynique, donnant le change par sa culture et ses bonnes manières.
Philippe Clay signe également une belle prestation en homme de main flegmatique.


En revanche, le couple de héros - composé de Robert Hossein et de la belle Estella Blain - apparaît assez transparent, ne suscitant guère d'empathie chez le spectateur. Il faut dire que Molinaro omet complètement de nous les rendre attachants ; en fait, on ne sait pratiquement rien à leur sujet, leur unique scène de présentation les montrant même froids et plutôt antipathiques.


Difficile dans ces conditions de se passionner pour les diverses tentatives du héros en vue de libérer sa promise, tout au long de cette interminable soirée.
D'autant que les péripéties se révèlent redondantes et assez ennuyeuses, voire franchement invraisemblables (cf la longue fusillade finale).


Même si j'ai apprécié ses quelques audaces, "Des femmes disparaissent" m'aura donc laissé froid : trop aride pour un divertissement, pas assez crédible pour un film sérieux sur la prostitution (en dépit du panneau d'avertissement inaugural, grandiloquent et un peu ridicule).
Ultime déception : les dialogues faiblards, pourtant signés Albert Simonin, qu'on a connu plus inspiré.

Val_Cancun
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le 8 mars 2022

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