Petite Loutre à Guépard, ici 15...

Ce matin j'ai décidé de mettre mon dimanche à profit pour regarder un film. Comme j'avais du temps (et du brownie), j'ai jeté mon dévolu sur un de ces films qu'on a à peu près tous à la maison, j'ai nommé le DVD de l'étagère du haut, celui qui a l'air bien mais qui quand même du haut de ses deux heures et quelques laisse toujours un peu dubitatif, en bref, le DVD qui finit toujours par rester prendre la poussière.
Pour le coup chez moi c'était Young Winston, un sympathique biopic sur Winston Churchill avec juste ce qu'il faut d'aventure et de Robert Shaw pour passer un agréable moment.
Pour continuer sur ma lancée et ne pas perdre le rythme j'ai décidé de faire de même cet aprem et de regarder un autre des ces ramasses-poussière. Là par contre j'ai eu la main moins heureuse : il s'agissait de Mars Needs Women de la collection Midnight Movies de feu la MGM.


Résumé de la jaquette :
WARNING! (oui, désolé, ma jaquette est en anglais du coup) Sex-starved spacemen on the prowl for bodacious Earth babes!

Get ready for interplanetary petting and Martian make-out madness! Teen heartthrob Tommy Kirk (Pajama Party) leads a stellar cast as a sex-starved spaceman lookin' for love on all the wrong planets. Wild, wacky and way, way out of this world, this "incredible" (The Psychotronic Encyclopedia of Film) and zany sci-fi adventure is filled with hot, heavenly bodies, hilarious alien contacts and outrageous close encounters...of the DATING kind!
When a girl shortage of galactic proportions turns the Martians dating scene into a black hole, four extra-handsome extraterrestrials set theirs sights on Earth's own cosmic cuties, hoping to find a few gorgeous girls willing to go all the way... to the stars (pas mal tourné hein ? Ces types ont décidément le sens de la formule). But when the boys at NASA uncover the interplanetary poaching, they put rocket science to a new use-in kickin' some MArtian astronauts clear out of the solar system!

Autant vous dire que tout ou presque dans ce résumé est au mieux outrageusement exagéré voir, dans le pire des cas, complétement faux mais le tout est avancé avec tant d'aplomb et de bonne humeur appuyée que je ne peux que comprendre rétrospectivement ce qui me fait acheter de manière quasi systématique tous les films estampillés Midnight Movies que je croise, et ce malgré les notes plus ou moins catastrophiques que je finis quasi-invariablement par attribuer aux-dits films...
Pour exemple je me permettrai ainsi d’analyser avec vous le présent résumé.
Je passerai volontairement sur la phrase d'introduction ô combien racoleuse (écrite qui plus est en jaune pétant sur fond noir) et utilisant par une technique rarement vue en dehors des milieux du sexe tarifé et de la publicité le fameux mot de trois lettre DÈS LE SECOND MOT (!!!) pour attaquer directement le corps de texte.
Outre l'utilisation (à tord, les Martiens étant incroyablement prudes et guindés) de deux synonymes de pelotage dans la même phrase, le résumé made in MGM nous fait ainsi miroiter une histoire pleine de martiens libidineux et " extra-handsome " (rien que ça) dirigés par Tommy Kirk, la (soit disant) coqueluche de jeunes d'alors et prêts à tout pour assouvir leurs bas instincts sur ce qu'ils considèrent comme le top du top de la beauté terrestre, le tout à grand renfort de jeux de mots et d'accumulation de synonymes.
On touche d'ailleurs le pompon dans la dernière phrase qui nous promet rien de moins qu'une guerre stellaire sur fond de traite des blanches !

Au final et comme vous vous en doutez sans doute rien (ou si peu !) de tout ça dans ce film. A la place le spectateur assiste médusé à l'arrivée sur Terre d'une sorte d'enjoliveur volant farci de cinq Pieds Nickelés de l'espace (l'un d'eux ressemblant d'ailleurs à s'y méprendre à Croquignol) qui après avoir rendu les forces armées terrestres impuissantes en les privant de radars (ces derniers les ayant poliment débranchés à la demande des martiens, hospitalité terrienne oblige) se mettent à capturer des jeunes filles.
Après un vol avec violence, un cambriolage et un vol de voiture, nos cinq maquignons des étoiles (rappelons que leur but est de ramener cinq jeunes et jolies demoiselles célibataires et en bonne santé sur leur planète histoire de faire remonter un poil la moyenne martienne d'une femme pour cent hommes) donnent dans l'eugénisme primaire en ne choisissant que le jeunes femmes les mieux formées avant de les accoster à l'aide d'un technique de drague selon moi hasardeuse mais apparemment payante consistant à suivre la-dite jeunesse puis à la fixer dans le yeux sans rien dire avec une tête d'échappé de l'asile.
Là dessus le haut commandement décide enfin de se sortir les doigts et d'attaquer la base supposée de nos envahisseurs mais, ces derniers ayant été prévenus au dernier moment (et d'apparentes coupes budgétaires drastiques dans l'armée américaine aidant) parviennent tout de même à s'enfuir, laissant sur place leurs victimes à moitié décongelées ce qui en plus de briser le petit cœur d'une jeune spécialiste en biologie spatiale (?!!) en fait de même avec la chaine du froid.


A voir pour :
Une secrétaire qui simule, des gros plans et des zooms sur des hauts-parleurs, des stock shots d'avions en tout genre, une étrange fixation sur les loutres, un incroyable sabir pseudo-français, les hommes grenouilles de l'espace, des p'tites antennes rigolotes, une fabuleuse démonstration d'hypnose piscinistique, une absence remarquée de pose café, le " vieux truc de peintre ", des maquettes de coupe d'utérus et une citation de l'illustre (et mal orthographié) Konstantin Tsiolkousky.


A ne pas voir pour :
Le coté SOUS-téléfilm (on m'avait déjà dit que ce film n'était jamais sorti en salle mais le carton m'avertissant que le tout a été modifié - entendez charcuté et recadré - pour convenir au petit écran me laisse tout ce qu'il y a de plus perplexe...), la gestion complétement à la ramasse des ellipses (autant certaines scènes sont coupées tellement abruptement qu'on en a oublié d'en informer les musiciens autant d'autres sont justes incroyablement courtes sans raison et en dépit de toute logique, comme cette conférence de presse qui s'achève après une seule et unique question merci au revoir on ferme, comme si personne dans le staff ne savait faire de vraies transitions...) et la séance de strip-tease qui tease plus qu'elle ne strip.
A ne pas voir non plus si vous êtes allergiques aux hauts-parleurs, aux yeux ou aux gros plans en général.


Pour conclure on retiendra de ce film que si un jour la survie de notre espèce dépend de cinq valeureux spationautes mieux vaudra ne pas choisir les Pieds Nickelés. A vrai dire peut être vaudra t'il mieux tant qu'à faire choisir de jeunes apollons pour séduire de fécondes jeunes filles plutôt qu'un tel ramassis de stalkers adeptes de l'hypnose. Peut être faudra t'il aussi prévoir un vaisseau équipé d'un vrai congélateur, histoire de ne pas porter atteinte à la fraicheur de nos belles plantes.
Sans ça on s'ennuie quand même un peu devant tout ça, tout le monde joue passablement mal mais avec une certaine application et on en vient presque à se dire que finalement ce ne serait peut être pas un mal que cette civilisation disparaisse.
Si on doit tout de même retenir une chose de ce film c'est sans doute que la peinture gris métallisée NE TIENS PAS sur le revêtement des combis de plongée.

...

J'aimerai sincèrement pouvoir dire que je ne me laisserai plus avoir par un DVD Midnight Movies mais c'est déjà ce que je me suis dit après chacun des précédents et j'en possède maintenant 4 (dont un double) alors je préfère encore ne rien dire et commencer dès maintenant à dépoussiérer un coin d'étagère pour le prochain.
J'ai presque hâte.