Rosen für den Staatsanwalt investit la comédie pour mieux travailler en souterrain le poids du passé et la culpabilité qui rattrapent le coupable à la manière d’une ombre harcelant ses pas et ne cessant tantôt de le suivre tantôt de le devancer. Schramm apparaît comme un personnage piégé, pris dans des filets qui se resserrent à mesure qu’il applique une stratégie inopérante et contre-productive ; sa carrière fulgurante se transforme en lente dégringolade burlesque, le conduisant à mentir, boire et grimacer tel un mauvais acteur. Et Wolfgang Staudte conçoit l’évolution de ses protagonistes comme un constant jeu de miroir, la réussite de l’un appuyant davantage la chute de l’autre. Il compose, avec Rudi, un personnage sympathique et touchant parce qu’attaché à des valeurs simples ; le spectateur s’y attache et ne peut que se rallier à sa cause compte tenu de l’injustice qu’il subit pendant la Seconde Guerre mondiale et que file le motif de la boîte de chocolat.


Le cinéaste aborde ainsi la question du traumatisme, traité sur un mode comique : la vue de la boîte de chocolat, détail a priori anodin, suffit à réveiller la douleur, à rouvrir les blessures, à susciter la colère. L’ensemble du long métrage prend aussitôt l’aspect d’une course à la vérité – comme c’est souvent le cas dans le cinéma de Staudte –, une course que rythme un montage alerte et précis, où l’enjeu essentiel réside dans le raccord du passé et du présent, tout entier incarné par le plan final, magnifique au demeurant, dans lequel les deux amants se voient réunis dans le rétroviseur du camion, parfaite conciliation de l’arrière et de l’avant, du passé et du présent. Un grand film politique, une comédie savoureuse portée par d’excellents acteurs.

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le 15 sept. 2020

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