S'attendre à de nouveau apprécier ce genre de film tiré d'une histoire vraie est déjà étonnant en soi. D'habitude trop linéaires, sans reliefs, sans visions artistiques, les films contemporains "tiré d'une histoire vraie" sont souvent tous les mêmes.


Un genre qui se repose plus sur l'Histoire que sur ceux qui l'on faite. L'Histoire n'est rien sans les personnes qui l'ont façonné. Des êtres humains qui ont une vie qui les a conduit à certains choix, à une morale et une éthique bien précise. Pourquoi l'avocate du diable viendrait défendre les droits d'un terroriste désigné coupable ? Pourquoi ce même désigné coupable, malgré tout ce dont il a subi, réussit à pardonner ? Pourquoi l'avocat du gouvernement reste dans des cases qui ne lui correspondent pas ou plus ?


Kevin Macdonald est un réalisateur de documentaires qui sait fait la part des choses et faire le lien entre l'histoire et les hommes et femmes qui la modèle. Désigné coupable est un film exemplaire dans sa construction et dans le temps qu'il accorde à chaque partie illustrant les failles d'un système hypocrite, corrompu et incompétent préférant fabriquer des monstres plutôt que de remettre en cause leurs propres incohérences par l'application arbitraire de méthodes moyenâgeuses.


Le metteur en scène raconte l’Amérique à travers ces trois fortes personnalités, le désigné coupable, l'avocate du diable et l'avocat du gouvernement. La répartition des thématiques y est justement intégrée et les révélations finissent par toutes se regrouper constituant ainsi un énorme dossier à charge contre un système acculé par une obligation de résultats quels qu'ils soient.


Immersif, le film l'est en partie grâce à sa réalisation qui ne se contente pas de simples plans d'illustration. Jusqu'à son ratio qui change selon les personnages, Le film de Kevin Macdonald se démarque enfin de la masse des films sur des sujets plus ou moins actuels.


Si le film est aussi prenant, voir extrêmement tendu, cela vient d'une distribution invertie chacun à son niveau. La prestation de Tahar Rahim est puissante dans sa douleur intérieure, une sagesse exemplaire dans un regard qui ne semble plus rien attendre d'un pays qui l'a brisé. Jodie Foster en avocate dont les convictions vont être mises à mal est impériale. Benedict Cumberbatch perdu entre mensonge et vérité livre une interprétation toute en subtilité.


Désigné coupable, entre le documentaire et la fiction est une œuvre à trois facettes, celles d'un même combat pour la vérité, la liberté et la justice. Un grand film.

MassilNanouche
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2021

Créée

le 2 août 2021

Critique lue 87 fois

Massil Nanouche

Écrit par

Critique lue 87 fois

D'autres avis sur Désigné coupable

Désigné coupable
Sergent_Pepper
6

Cheap the faith

Il faut bien l’admettre : un certain nombre de films, en adaptant des succès de librairie, nous dispensent de lire des livres. On se rattrape ainsi, en deux heures et quelques, de ce qui s’est fait...

le 2 août 2021

20 j'aime

2

Désigné coupable
EricDebarnot
6

Guantanamera !

En 2001, quelques semaines seulement après le drame du 11 septembre, la sinistre équipe Bush – Rumsfeld (qui vient de mourir tranquillement dans son lit sans avoir jamais été inquiété pour ses...

le 18 juil. 2021

18 j'aime

3

Désigné coupable
Fêtons_le_cinéma
8

Le doute au fondement de la foi

L’intelligence de The Mauritanian tient essentiellement à l’approche de Mohamedou Ould Slahi comme d’un témoin détenteur d’une vérité humaine, faisant de lui le moyeu autour duquel gravitent les...

le 2 juil. 2021

14 j'aime

6

Du même critique

En attendant Bojangles
MassilNanouche
7

Pile ou Face

Le soleil. Une réception mondaine. Romain Duris (Georges) en charlatan fabuleux. Des bourgeois crédules. Une rencontre. Viriginie Efira (Camille) et l'élégance élancée d'une colombe. Puis une danse...

le 7 janv. 2022

26 j'aime

6

Ma Loute
MassilNanouche
5

Folie et légèreté sociale

C'est une sensation inhabituelle qui naît au générique de fin de Ma Loute quelque part entre la poésie tragique et l'incompréhension totale. Toute la séance durant, le ressenti n'a de cesse...

le 13 mai 2016

23 j'aime

2

Gangsterdam
MassilNanouche
1

"Le viol cool"

On est d'accord, on la viole pas ? Non, non... Non on la viole ou non on la viole pas ? Non, non on la viole pas ! clin d’œil... Non, on la viole pas. ... Non, mais je parle du viol cool, le viol...

le 1 avr. 2017

20 j'aime

21