Engouement mérité?

Du mal à comprendre l’engouement généralisé autour de ce film. Certes, l’histoire de cet homme et ce qu’elle révèle de la machine infernale mise en place post 11 septembre est incroyable et mérite que l’on s’y attarde. Les prestations des acteurs sont très bonnes à commencer bien évidemment par celle de Tahar Rahim qui s’est beaucoup investi.

Mais alors, qu’est-ce que c’est plat et convenu! Kevin McDonald en bon documentariste s’attarde à faire un film d’enquête avec de bons acteurs, et c’est à peu près tout. Lorsqu’on peut déceler certaines intentions dans l’écriture, la mise en scène ou le découpage, celles-ci sont souvent assez basiques, ou pire trop évidentes : le choix du cadre en 4/3 pour les flashbacks, les plans sur les visages des gentils américains combatifs remplis de compassion, le montage épileptique lors des scènes de torture… Pour ressentir le calvaire de M. Slahi, ne valait-il pas mieux mettre en scène ce temps qui passe très, trop lentement ?

Summum de la facilité, l’ascenseur émotionnel que McDonald cherche à déclencher en enchainant la joie de Slahi après l’annonce de sa libération et un carton indiquant que l’administration américaine a fait appel et qu’il passera encore des années à Guantanamo. Plusieurs réactions outrées dans la salle. J’imagine que c’est l’effet escompté, mais pour la subtilité on repassera.

Pour faire un parallèle avec un autre biopic à l’affiche avec un homme qui attend trèèèèès longtemps sa « libération », Onoda est beaucoup moins manichéen, et surtout beaucoup plus beau. Moins américain, en fait. Alors que le personnage est lui-même certainement coupable de beaucoup d’exactions, on entre en empathie avec lui du fait d’une mise en scène et d’un récit beaucoup plus subtils. Ici, le film passe sans laisser de place à l'émotion. Dommage.