Qui est le film ?
Destination Finale 2, réalisé par David R. Ellis en 2003, prolonge l’univers entamé trois ans plus tôt par James Wong. L’idée de départ reste la même : un personnage échappe à une catastrophe grâce à une vision prémonitoire, mais la Mort, frustrée, revient remettre de l’ordre. Ce second opus pousse les curseurs du premier : plus de morts, plus de bruit, plus de chaos.

Le film commence sur une autoroute. La scène d’ouverture, connue pour avoir traumatisé des générations d’automobilistes, condense en quelques minutes ce que le film fera pendant une heure et demie : tordre le quotidien jusqu’à le faire éclater. C’est spectaculaire, c’est efficace. Mais très vite, le film se replie sur ses propres recettes et assume le grand-huit.

Que cherche-t-il à dire ?
Le film ne cherche pas tant à dire qu’à rejouer. Il reprend les motifs du premier, les rend plus lisibles, plus bruyants, mais aussi plus vides. Son enjeu principal n’est pas la peur de mourir, ni même la tentative de survivre : c’est la traque du détail. Un univers où tout est signe potentiel d’une chute imminente. La tension n’est plus narrative, elle est visuelle : repérer, deviner, prédire.

Par quels moyens ?
La scène du carambolage sur l’autoroute est un tour de force. Par son ampleur, son découpage, sa brutalité sèche, elle impose une tension initiale presque insoutenable. Mais ce climax inaugural a un défaut : il arrive trop tôt. Tout ce qui suit paraît secondaire. Le film commence par ce qu’il aurait dû construire. Et n’a, ensuite, plus rien à promettre.

Ensuite, chaque scène repose sur la même dramaturgie : une série d’objets, un soupçon, une fausse alerte, puis une mort brutale. Ce jeu du faux-semblant ; faire croire que l’eau va électrocuter, puis faire surgir un tuyau, fonctionne un temps, mais finit par lasser.

Il n’y a pas de personnage principal dans Destination Finale 2, seulement une collection de survivants provisoires. Chacun a une fonction : la mère, la fliquette, le mec débile, l’ado cynique. Aucun ne change, aucun ne se révèle. Ce sont des corps à disposition. Le film ne cherche pas à créer de l’empathie, et il n’y parvient pas. On ne ressent pas les pertes, parce que rien n’a été habité. Ils meurent. On observe.

Les dialogues sont soit utilitaires, soit sarcastiques. Le film tente parfois l’humour noir, mais tombe souvent dans le cynisme. Et quand il tente de bâtir une mythologie avec l’idée d’un « effet domino » inversé, ou d’un bébé sauveur, il semble s’en excuser aussitôt. Il ne croit pas en sa propre logique.

Quelle lecture en tirer ?
Je ne peux pas dire que le film est raté. Il est même souvent habile. Il respecte son cahier des charges, propose quelques montées d’adrénaline, et offre aux amateurs du genre ce qu’ils sont venus chercher.

Mais Destination Finale 2 est le symptôme d’un cinéma qui confond agencement et pensée. Il croit qu’en multipliant les effets, il enrichit sa proposition. Il oublie que ce qui fait peur, ce n’est pas ce qui tombe, c’est ce qui pèse.

cadreum
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le 23 juin 2025

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