Une vraie rencontre de cinéma, optimiste et touchant

Venant de découvrir Klapisch très récemment, je me laissais tenter par son nouveau long-métrage s'annonçant pour le moins original, un prequel à la comédie romantique, une dissection de la solitude humaine, avec en tête un acteur que j'aime beaucoup et qui a beaucoup élevé le cinéma français avec pas moins de quatre films en 2019. J'ai nommé, François Civil. Deux moi méritait-il mon soudain intérêt pour ce réalisateur culte? Détaillons tout cela dans cette nouvelle critique enchantée.


Une fois n'est pas coutume, on va commencer par parler de l'aspect technique du long-métrage. Eh oui, on innove ! Le film est dotée d'une mise en scène très efficace et intelligente, épousant parfaitement son propos. Je pense en particulier aux nombreux plans d'ensemble filmant les fenêtres d'un même immeuble, où les habitants sont surcadrés, enfermés à l'intérieur. Chacun est consigné dans leur coin. Tout comme les personnages principaux, ils ne se voient pas, piégés dans ce mode de vie où l'écran a remplacé le contact humain, où les gens sont concentrés sur leurs problèmes sans s'en libérer. Cette enfermement est vraiment bien retranscrit à travers l'image, que ce soit par les nombreuses lignes verticales, les sur-cadrages, les plans serrés sur les personnages ou l'anonymat ambiant créé par la ville. Pour ce qui est de la bande sonore originale, envoûtante, elle épouse à merveille le ton du film, où grâce, poésie et mélancolie se côtoie dans une même histoire, traitée avec une sobriété touchante.


Le "couple" principal du film, interprétés par François Civil et Ana Girardo, s'avère très attachant, possédant tout deux une psychologie complexe et cohérente. Ce n'est non pas un long-métrage tourné vers l'amour mais avant tout sur ses personnages et leur solitude, leur façon de voir la vie. La structure narrative pourrait d'ailleurs s'apparenter à un récit initiatique, c'est le cheminement intérieur et mental qui va permettre l'ouverture vers l'extérieur. Ce que j'apprécie énormément, c'est que Klapisch accorde de l'importance aux rôles secondaires et le dotent d'une vraie personnalité, très réussis. L'épicier et les deux psy sont des personnages passionnants, drôles mais aussi incroyablement ordinaires. Cela se rapproche de ce que j'aimerais écrire en tant que scénariste plus tard: l'idée de ré-enchanter le réel, de rendre extraordinaires les petites choses anodines de tous les jours. L'humour fonctionne plutôt bien, arrivant à ponctuer le film de gags subtils et de lignes de dialogues particulièrement bien trouvés qui font sourire.


Klapisch dépeint donc une société où les robots et l'électronique prônent sur l'humain et le naturel. Il questionne tout un tas de thématiques actuelles comme les rencontres virtuelles très mécanique via Tinder par exemple, accompagnée d'une séquence onirique percutante et pertinente qui ne fait que confirmer mon avis sur la question, la robotisation des entreprises, l'asociabilité provoquée par l'omniprésence des écrans mais aussi des thèmes intemporels tels que l'amitié ou l'Amour, en s'intéressant particulièrement à la notion de "vraie" rencontre. En plus de partager son avis sur la question, j'adore la morale que l'on peut tirer du long-métrage, correspondant à ma façon de voir la vie: Voir positivement les choses, faire confiance à la vie pour être heureux, le tout traité de manière implicite et intéressante, notamment avec les idées très "vivantes" de l'animal ou de la danse.


La fin, prévisible mais attendue, prend alors tout son sens avec la rencontre finale entre les deux personnages. Le spectateur est alors submergé de bonheur et d'une grande excitation dû à l'efficacité du film qui a pris le temps de disséquer ses personnages, de les rendre attachants tout en permettant l'identification du public. Cette sanction positive du réalisateur sonne comme un soulagement ainsi que comme une explosion de sentiments autant pour le spectateur que pour le couple de personnages. Raconter tout ce qu'il se passe avant une relation amoureuse rend le long-métrage original et rare de nos jours, à une époque où les comédies romantiques bad game fusent sur Netflix et ne représentent plus rien.


Ainsi, Deux moi pourra en déconcerter plus d'un par son choix audacieux de traiter une rencontre amoureuse et en ennuyer certains par son rythme assez lent mais ces deux intentions ne font que renforcer la profondeur du propos du cinéaste, ses idées de mise en scène et son envie de proposer aux spectateurs quelque chose de nouveau et de vrai. Pour ma part, ayant été très touché par les thèmes traités et par l'optimisme de Klapisch, je ne peux que m'incliner devant l'efficacité de son long-métrage, poétique, sincère et débordant d'une réelle énergie. Je ne peux que vous conseiller de le voir, il se peut qu'il change votre vie (oui j'y vais fort) ou plus spécifiquement votre façon de penser la vie (et ça ferait du bien à pas mal de gens !). Désormais, c'est à mon tour de trouver ma deuxième moi ! Sans chercher du coup ^^

Sinar1107
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le 25 sept. 2019

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