Il faut chasser le diable par le diable.

Si Shyamalan a laissé tombé la réalisation de films à sensations pour se consacrer à 100% dans le mauvais, notamment avec Le dernier maître de l'air, il n'arrête pas pour autant l'écriture d'histoires fantastiques. Voici donc le dernier produit sorti de son imaginaire.
A Philadelphie, un homme se suicide en sautant du toit d'un immeuble. Le détective Bowden (Chris Messina), un policier hanté par la mort de sa femme et de son fils, est chargé de mener l'enquête. Au même moment, non loin de là, 5 personnes se retrouvent coincées dans un ascenseur. Paraissant être une coupure anodine, elle se révélera être bien plus étrange, après que l'un de ces quidams se fasse tuer lors d'une courte panne d'éclairage. Envoyé sur le lieu, le détective devra par micro interposé tenter d'éclaircir les choses, étudier les comportements et déterminer qui est le coupable.

Un pitch basique, rappelant le court-métrage Elevated de Vincenzo Natali, une histoire de bien et de mal sentant l'abracadabrant et la bondieuserie comme seul Shyamalan en est capable, bref pas de quoi casser trois pattes à un canard. Ce qu'il y a en revanche de plus étonnant avec le cinéma, et surtout de plus savoureux, c'est lorsque l'on arrive avec tout un bagage d'a priori, et que finalement on passe un bon moment.
Pour paraphraser ce que disait John Trent (Sam Neill) à propos de Sutter Cane dans L'antre de la folie, « c'est tout le temps la même intrigue qui revient mais ce qui est étonnant c'est que c'est plutôt bien écrit et qu'il vous embarque dans son histoire sans que l'on s'en rende compte ».
Cela résume assez bien le film, le tout étant redondant, utilisant sans relâche les mêmes effets pour nous faire sursauter, plongeant tout le monde dans le noir à chaque fois que quelqu'un est tué, et nous dépeignant 5 personnages tous stéréotypés. On a la vieille pie, l'agent de sécurité qui a un casier long comme le bras, la femme vénale qui entube ses maris, le businessman obsédé et arrogant, et pour finir le mec paumé. Même le flic chargé de l'enquête n'a rien d'original, sa femme et son fils étant décédés lors d'un accident de la route, et dont la vie n'a plus aucun sens, ayant même tenté de se suicider. Se rajoute à ça le gros mexicain de la vidéo-surveillance, qui comme tous les mexicains a toujours une histoire de diable à nous raconter. GROS, très gros, mais comme je le disais plus haut, on se laisse embringuer là-dedans, sans voir le temps passer, trépignant d'impatience de savoir qui est le démon et comment tout cela va se terminer.
Les acteurs, quant à eux se montrent relativement à la hauteur, assurant suffisamment pour donner un minimum de crédibilité à l'oeuvre. On appréciera d'ailleurs l'initiative d'avoir pris des interprètes relativement peu connus, évitant de ce fait de dévoiler involontairement des indices.

Bref, Devil ne fait pas dans l'originalité, mais force est de constater que ce sont parfois les ficelles les plus usées qui tiennent le mieux. Pas vraiment un film effrayant, ni vraiment sanglant, juste une histoire qui tient en haleine et remplit son contrat.
Pour conclure, les amateurs d'histoires fantastiques sans grandes prétentions y trouveront leur compte, et ne perdront que peu de temps, le tout ne dépassant pas les 80 minutes. Ceux en recherche de la quintessence du terrifiant ou de gore risquent en revanche d'hurler au remboursement.
Mention spéciale pour Tak Fujimoto, le directeur de la photographie, qui semble être le seul à s'être vraiment creusé le citron pour apporter quelque chose au film; normal car ça n'est pas n'importe qui, c'est celui qui avait déjà signé la photo du Silence des agneaux ainsi que de la plupart des Shyamalan, dont Sixième sens et Signes.
SlashersHouse
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le 15 avr. 2011

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