L'enfer et le paradis
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Je fais cette critique deux mois trop tôt, et j’ai bien peur qu’elle n’intéresse personne avant fin août, quand ce film sortira en salle. A moins que je tombe sur une personne curieuse, ou sur quelqu’un qui, comme moi, aurait vu ce film à Cannes. Cependant cela réduira, tout de même, drastiquement mon nombre de lecteur potentiel avant un bon bout de temps. C’est comme si un unijambiste se tirait une balle dans le pied, il marcherait beaucoup moins bien d’un coup. Comme malgré tout je garde espoir qu’un lecteur en déperdition avide de critique de film non sorti me lise avant le 26 août 2015, je vais quand même éviter les spoilers sur ce film, qui à mon avis, n’a pas volé sa palme d’or, ni le tonnerre d’applaudissements que l’équipe a reçus au Grand Théâtre Lumière, à la fin de la séance où j’ai vu ce film.
Le film s’ouvre sur un travelling au bord d’une plage Sri-Lankaise, devine t-on, et nous montre un bûcher prêt à être allumé. En son cœur, entre les bouts de bois, des cadavres, des dizaines. Cet unique plan simple et frappant suffit pour nous montrer les ravages de la guerre au Sri-Lanka, et le désir de l’homme et de sa « famille », que nous suivrons tout le reste du film, de fuir cette guerre, et même de fuir la guerre… Cet unique plan annonce aussi la couleur, car le film aura toujours une réalisation aussi travaillée et évocatrice, jusqu’à l’apothéose de la scène finale, impressionnant par sa mise en scène et sa réalisation. Ici chaque plan a un sens, une logique, nous amenant doucement mais inexorablement vers ce final, comme si c’était la seule issue possible, toute échappatoire s’effaçant peu à peu au fil du film.
Ces trois acteurs inconnus, (pour moi en tout cas, pardonne mon inculture si je me trompe, mais je ne crois pas qu’ils aient joué dans d’autres films) Antonythasan Jesuthasan (Dheepan), Kalieaswari Srinivasan (« sa femme »), et Claudine Vinasithamby (« sa fille »), sont époustouflants de justesse, et j'espère que leurs carrières respectives décolleront, cela serait on ne peut plus mérité.
Bref, c’est une histoire magistralement bien écrite, mise en scène, et réalisée. Parlant d’un homme détruit par la guerre au Sri-Lanka, puis désintégré par le système Français, fuyant désespérément et illusoirement la violence, avec le peu de proches lui restant, mais comme dirait l'autre « Qui veut la paix, prépare la guerre ». Un film qui, à mon avis, ne laisse pas indifférent… Du coup, j'éplucherai la filmographie d’Audiard un de ces quatre, pour voir si ses films sont toujours d’aussi bonne qualité, car là, le moins que je puisse dire, c’est que Dheepan mérite amplement la récompense suprême cannoise.
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Créée
le 11 juin 2015
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