Un jurassique en miniatures

Sorti en 1993, Prehysteria! dispose de deux atouts qui justifient à eux seuls de le découvrir – dans la mesure où le long métrage, succès au box-office américain, reste méconnu en France et ne bénéficie d’aucune distribution sur support physique ou dématérialisé – : il y a d’abord la grande tendresse placée dans la relation qu’entretient la famille Taylor avec les petits dinosaures revenus à la vie, qui fait de ce film un divertissement honnête et accessible à tous ; il y a surtout la qualité de l’animation desdits dinosaures que signe David Allen, animateur de génie à qui l’on doit, entre autres, les créatures de Willow, Puppet Master et The Howling. Précision et simplicité gouvernent l’animation en stop motion et marionnettes à main, forte de figurines à l’esthétique volontairement enfantine qui n’est pas sans annoncer, cinq ans plus tard, l’excellent Small Soldiers de Joe Dante.

Si le scénario ne brille pas par son originalité, rejouant sur un mode (mineur) Indiana Jones/Jurassic Park la trame de Beethoven le film, sorti une année auparavant, si l’écriture des dialogues et la caractérisation des personnages souffrent d’une indigence certaine, si l’humour s’avère des plus balourds, nous retiendrons à terme ce regard tendre porté sur la famille recomposée, agrandie par l’arrivée concurrente des dinosaures et d’une nouvelle mère, ainsi que le plaisir de voir des jouets prendre vie sous nos yeux, loin des effets spéciaux numériques qui envahissent les écrans d’aujourd’hui et condamnent la représentation de l’extraordinaire à l’artificialité désincarnée.