Le navet, Brassica rapa subsp. Rapa, est une plante herbacée de la famille des Brassicacées, cultivée comme plante potagère ou fourragère pour sa racine charnue allongée ou arrondie et consommée comme légume. Le substantif, qui désigne ce légume particulièrement insipide et peu goûteux, a pris un sens figuré et désigne désormais également une production cinématographique particulièrement calamiteuse. Mais avant de poursuivre, il convient de rhéabiliter le navet, le légume, et lui rendre justice. Accompagné de pommes de terre, de jeunes carottes, de courgettes et d'une souris de gigot d'agneau, le tout généreusement épicé avec un raz-el-hanout, le navet trouve une noblesse culinaire qu'il n'usurpe pas.


Le Navet est un genre cinématographique à part entière. Certains d'entre nous en sont particulièrement friands et ne renonceraient pour rien au monde d'en sortir un de derrière les fagots, au gré des conversations et même parfois en se précipitant pour voir et revoir certains films. Ils poussent parfois leur passion jusqu'à en faire collection sous forme de DVD lors des braderies, vide-greniers ou soldes, dernière démarque, dans la grande distribution.


Il faut cependant savoir qu'il y a Navets et Nanards. Les seconds n'étant pas des sous-produits des premiers comme on pourrait à première vue le croire. Le nanard est un genre à part, quelque chose de singulier et de spécial donc de rare. Divorce club de Mickaël Youn est un nanard, le nanard de l'année peut-être, de la décennie même. On se perd en conjectures quand on cherche à comprendre ce que Arnaud Ducret, Audrey Fleurot et François-Xavier Demaison sont venus faire dans cette galère. Nous avions eu l'occasion de les voir en d'autres circonstances, non sans talent pour Audrey Fleurot.


Risquons quelques hypothèses. Je dis bien hypothèses.


Depuis le début de l'année les temps sont durs. Des projets en cours, mais interrompus ; d'autres en gestation, mais suspendus sine die, au théâtre peut-être à la télévision, au cinéma même. La Covid 19, ce connard de virus, et le confinement avec fermeture des cinémas et des théâtres ont frappé durement. Pour les comédiens qui ont été des paniers percés ou qui ont pris l'habitude de vivre au jour le jour, il y a les ressources de l'intermittence du spectacle. Mais pour que la bête soit alimentée, il faut une durée d'activité préalable. Ce qui est vrai pour en bénéficier aujourd'hui, l'est tout autant pour l'année à venir. Alors on baisse ses exigences, on devient moins regardant et on pince son nez en acceptant de paraître dans Divorce club en se faisant la promesse intérieure de renier cette faiblesse momentanée dans quelques années.


Et puis, il y a les salles de cinéma. La vocation première d'une salle de cinéma est d'accueillir le public, donc d'être ouverte. Pour que sa vocation s'accomplisse, il faut projeter quelque chose sur lequel se pose le regard des spectateurs, qui ne se contenteraient certainement pas de contempler quelques graffitis sur écran, même à prix très réduits. Il faut un film, et même des films car il faut s'inscrire dans la durée qui risque de ...durer. Un complexe cinématographique de huit ou neuf salles ne peut vivre pendant six mois de reprises de la « Grande vadrouille », du « Docteur Jivago » ou de « King Kong » car la télévision et l'industrie numérique font très bien leur travail pour donner de nouvelles vies aux films. Et l'été, c'est l'été, encore plus cette année quand tout le monde a banni le verbe se confiner de ses projets. C'est une chance inespérée pour les nanards bien de chez nous, ceux qui nous demandent de faire tourner les serviettes au-dessus de nos têtes.


L'heure est aux Mickaël Youn, aux Cyril Hanouna et aux Jean-Marie Bigard qui surpassent Patrick Sébastien dans le nivellement par le bas.


Dans ma vie d'amoureux du cinéma, j'ai vu quelques milliers de films. De très bons films, des films moyens, du moins bon et même du carrément mauvais. J'ai vu de tout. Du muet, du parlant ou du volontairement taiseux. Du en noir et blanc et du en couleur, du presque sépia et du rayé à la limite du comestible. Du western, du policier, de l'espionnage, du guerrier, du tendre et du dégoulinant de beaux sentiments. J'ai essuyé une larme et j'ai étouffé des sanglots. J'ai souri, j'ai ri et je me suis esclaffé de rire. J'ai compati, j'ai admiré, j'ai aimé, j'ai détesté et j'ai haï. J'ai fait et ressenti tout ce que 'on peut faire et ressentir devant un film. Je pensais avoir tout vu ou pas loin de presque tout. Et bien non. Avant cet après-midi, avant Divorce club, il me restait à voir le film que l'on peut raisonnablement qualifier de nullité grasse, vulgaire et d'une rare grossièreté. Trouverai-je pire à l'avenir ? J'en doute.

Freddy-Klein
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le 10 août 2020

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