Comme beaucoup de petits garçons ayant grandi dans les années 80, j’ai grandi avec Bud Spencer et Terence Hill. Un de mes préférés était On L’appelle Trinita et encore aujourd’hui, il est clairement un des meilleurs du duo. Bref, alors forcément, après avoir vu sa suite On Continue à l’Appeler Trinita, on demande à papa de nous trouver d’autres films avec eux. C’est ainsi qu’un jour il se pointe avec … un nouveau Trinita, intitulé Trinita ! Prépare ton Cercueil. A peine le temps de dire merci que voilà la VHS dans le magnétoscope aux côtés d’un petit frère tout aussi impatient de voir de nouvelles aventures de Trinita. Là, la douche froide. Il est où Bud Spencer et ses grosses claques ? Il est où l’humour ? Pourquoi ça ressemble à un film pour les grands ? Nous avions eu l’impression de nous être fait enfler et ce fut le seul et unique visionnage de Trinita ! Prépare ton Cercueil, préférant revoir pour la 30ème fois le classique d’Enzo Barboni. 35 ans après, après avoir vu une publication Facebook de Terence Hill sur la sortie d’un nouveau livre sur Trinita, je me suis dit qu’il serait bon de donner une 2ème chance à ce faux-Trinita, qui n’avait de Trinita que son titre, sans doute pas destiné dès le départ aux petits enfants. Et vous savez quoi ? C’était très bien ! Alors Cherycok ! Prépare ta chronique.


Mais tout d’abord, un peu d’historique. En 1966 sort le Django de Sergio Corbucci qui, au même titre que la trilogie du dollar de Sergio Leone, aura son impact sur l’industrie cinématographique italienne. En deux ans, ce sont une 10aine de films estampillés Django qui arrivent un peu partout dans le monde, alors qu’ils n’ont parfois rien à voir avec le film de Corbucci. On voit par exemple fleurir des Quelques dollars pour Django, Poker d’as pour Django, Sous la Loi de Django, Django le Taciturne, ou encore Django ! Prépare ton Cercueil. Les voies du marketing sont impénétrables. Mais ça, ce n’est que le début puisque le succès de On L’Appelle Trinita en 1970 est tel que des petits malins de distributeurs ne sont amusés à faire la même chose, renommant des films pour faire apparaitre le nom Trinita dessus, allant parfois jusqu’à refaire un doublage pour qu’un des personnages s’appelle ainsi. Dieu Pardonne, Moi pas a ainsi été retitré Trinita ne Pardonne pas ; La Colline des Bottes est devenu Trinita va Tout casser, La Colère du Vent s’est vu affublé d’un Trinita Voit Rouge, ou encore, puisque c’est le film qui nous intéresse ici, Django ! Prépare ton Cercueil s’est vu renommé Trinita ! Prépare ton Cercueil pour son exploitation vidéo. L’appel du pognon est plus fort que tout. Alors après tant d’années, après avoir vu tout un tas de westerns spaghetti, avec des attentes qui ne sont plus les mêmes, le revisionnage de ce dernier fût totalement différent, en bien. Une chose est sûre avec ce film, c’est que nous sommes en plein dans le western spaghetti et tous les codes du genre sont bien présents, jusque dans le générique animé avec sa chanson en langue anglaise. Une autre chose est sûre, c’est que le film de Ferdinando Baldi lorgne vraiment du côté de Django malgré son titre original, Preparati la bara, qui lui n’avait pas osé nommer Django. Il faut dire que Terence Hill habillé en noir, avec la barbe de 3 jours, ses yeux bleus sans peur et sans reproche, ressemble clairement au Franco Nero de Django au point que ça en est confondant. Certains affirment que Django ! Prépare ton Cercueil est un remake du Django original, mais si on y réfléchit bien, il pourrait bien plus s’apparenter à une préquelle, le final avec la mitrailleuse faisant le lien avec le film de Sergio Corbucci.


Point de repas à base de fayots, point de drague de bas étage, Terence Hill incarne donc ici un héros on ne peut plus sérieux, monolithique même, dans la veine de ce que faisait Franco Nero dans le Django original. Force est de constater qu’il s’en sort étonnement bien dans ce registre sérieux, même si on sent parfois qu’il force le trait pour s’aligner sur le jeu de Nero. Le réalisateur fait d’ailleurs de nombreuses références au film Django, allant jusqu’à reprendre certaines scènes. Sur le papier, le film est une simple histoire de vengeance, mais il est au final bien plus que cela, ne serait-ce que par le plan du personnage de Django pour enfin avoir sa vengeance. Le scénario va aligner diverses surprises et rebondissements et bien que Ferdinando Baldi ne soit pas aussi talentueux que Sergio Corbucci, Django ! Prépare ton Cercueil n’a pas forcément à rougir de la comparaison. Certes, le Django original avait des moments bien plus percutants, mais le film de Baldi a ses qualités propres. Ce dernier sait bien mettre en valeur ses décors, qu’ils soient intérieurs ou extérieurs, et jamais son film ne se montre répétitif à ce niveau-là. Il nous offre de superbes plans, grâce à une excellente photographie d’Enzo Barboni (qui réalisera 2 ans plus tard On l’appelle Trinita, ça ne s’invente pas). A aucun moment on ne ressent les limites du budget, contrairement à d’autres rejetons de Django qui n’ont pas su tirer le maximum de ce qu’ils avaient. Alors clairement, l’amateur de westerns spaghetti ne trouvera pas grand-chose d’original ici, mais l’ensemble se fait très efficace grâce à une bonne ambiance et des scènes d’action très réussies. Elles sont nombreuses et variées (attaque de fourgon, baston dans un saloon, fermes incendiées, bâtiment attaqué, …) et s’intercalent parfaitement entre deux scènes plus calmes qui ne sont jamais trop bavardes (le film dure à peine 1h30, faut aller à l’essentiel). La musique morriconienne des frères Reverberi fait son office et arrive même à tirer son épingle du jeu, restant en tête plusieurs heures après le générique de fin. Et puis pour un western spaghetti de seconde zone selon certains, il aligne quand même un sacré casting. Outre Terence Hill, on retrouve Horst Frank (Le Chat à Neuf Queues, Les Tontons Flingueurs), Lee Burton (Soleil Rouge, Le Jour du Jugement) et surtout George Eastman, le célèbre Anthropophagous vu également dans Les Nouveaux Barbares.


Sans être une œuvre culte du genre, Django ! Prépare ton Cercueil est un western spaghetti très sympathique. Cette « préquelle » de Django dans lequel Terence Hill reprend le rôle de Franco Nero est des plus efficaces et devrait ravir les amateurs.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-django-prepare-ton-cercueil-de-ferdinando-baldi-1968/

cherycok
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le 3 oct. 2023

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