A Brooklyn, les fortes chaleurs vont raviver sur l'espace d'une journée les tensions raciales.
Avec son troisième film, Spike Lee s'est fait connaitre du grand public non seulement pour son talent de réalisateur, mais aussi pour ses revendications raciales dont il se fera l'écho tout au long de sa carrière. Celui-ci joue le rôle d'un livreur de pizzas, dirigé par l'excellent Danny Aiello, entre un fils qu'il n'assume pas vraiment, une copine qui lui sert davantage de plan cul, il manque clairement d'ambition. La grande idée de Lee et de son chef opérateur est d'avoir tourné le film en majorité avec la couleur rouge, orange ou jaune, de manière à restituer au mieux l'idée de chaleur suffocante. Et là, ça marche du tonnerre, car on transpire avec eux, le moindre pas dans ce quartier de Brooklyn chauffé à blanc semble pensant, et seule l'explosion d'une borne à incendie semble être un instant de bonheur pour ses habitants, qui peuvent ainsi se mouiller autant qu'ils le veulent.
Mais la question de la race est sans cesse présente, avec comme point d'orgue cette pizzeria où le patron y a travaillé toute sa vie et est accepté par tout le monde, et ses deux fils (joués par John Turturro et Richard Edson) ne voient pas les choses de cette façon, en particulier le cadet, clairement un raciste, qui va en quelque sorte mettre le feux aux poudres.
Le film a une pêche formidable, où tout le style formel de Spike est déjà là, avec ses textes à l'écran, les zooms, les dialogues face caméra, et la très belle conclusion qui rend hommage à Martin Luther King ainsi qu'à Malcolm X, et à des personnes victimes de violences policières, car c'est aussi une des scènes fortes du dernier acte.
Même si le film ne gagnera rien au Festival de Cannes, au grand dam du réalisateur, Do the right thing (qui revient à une décision que va avoir son personnage) restera comme un classique, quelque chose de fort. Rien que pour passer en boucle du Public Enemy, quelle bonne idée !