Les tourments du Docteur Strange

Trop longtemps. Cela fait bien longtemps que j’avais perdu l’espoir dans la filmographie Marvel. N’ayant pas été particulièrement convaincu par Black Widow, que j’avais trouvé relativement mauvais, Shang-Chi était sauvé par sa fin, je n’avais pas trouvé l’envie ni le courage de me déplacer pour No Way Home. Et puis Dr Strange 2 est arrivé, avec une bande annonce intéressante, avec un réalisateur intéressant monsieur Sam Raimi, et avec une promesse d’une tonalité plus sombre, plus mature, voir horrifique, qui m’a attiré. J’ai pris du temps pour trouver la motivation pour voir ce film, et finalement, je tiens enfin ce Marvel de qualité que j’attendais depuis longtemps. Mes dernières bonnes expériences cinématographiques Marvel remontant à Civil War ou Infinity War, c’est dire que j’ai accueilli ce Dr Strange comme le messie, alors que j’avais détesté le premier film. Abordons de suite les quelques points négatifs que j’ai trouvé au film. Quelques incohérences au niveau du fonctionnement du multiverse, et du Darkhold. Soit. Je reproche aussi ce côté « MCU+ », qui fait des références à Wandavision, un show TV que je n’ai pas vu ( et auquel je vais peut-être donner sa chance finalement) et probablement certains spectateurs non plus. Je reproche une blague pourrie au début du film, sur Spider-Man, à la sauce Marvel, cet humour que je ne supporte plus, et ce qui m’a étonné, c’est que c’est la seule scène nulle qui est dans le film.Genre comme si Sam Raimi avait fait exprès de la faire pour être dans le cahier des charges de Kevin Feige. Ensuite, le film a pris une tournure une évolution que j’ai trouvé excellente.

1) Une scène d’ouverture très bonne ?

La scène d’ouverture, de Stephen Strange dans l’église, m’a fait extrêmement plaisir, parce qu’elle pose très clairement la thématique cachée du film, qui concerne à la fois son « anti-héros » et son « antagoniste ». Est-ce que Strange est heureux ? Il est l’un des magiciens le plus puissant du monde, certes, mais il est seul. Christine, l’amour de sa vie se marie avec un autre. Et puis débarque America Chavez, une gamine qui a le pouvoir de fissurer les dimensions pour s’y déplacer, tout en ayant la particularité d’être un être unique dans le multivers. Elle est poursuive par des créatures étranges, après un combat entre une pieuvre géante ( coucou les clins d’œils à Spider-Man 2) et Dr Strange, ce dernier décide de demander de l’aide à Wanda Maximoff, et c’est là où j’ai clairement trouvé que le fait que les gens qui n’ont pas vu Wandavision seront pénalisés. Néanmoins, chose très rare dans un marvel, la grande méchante est révélée genre au bout de 20 minutes, on va assister à la traque de America Chavez par la sorcière rouge, qui veut récupérer ses pouvoir ( et donc la tuer) pour construire un univers où ses enfants sont en vie. Elisabeth Olsen fait un travail phénoménal dans ce film, c’est probablement sa meilleure performance dans le MCU, elle est à la fois touchante, brisée et en même temps ultra froide, elle est parfaite comme antagoniste et apporte une petite touche horrifique que j’ai adoré. 

2) Le multivers, peu exploité ?

Le multivers est finalement peu utilisé, parce que mis à part une scène visuellement impressionnante, où Strange et America traversent les dimensions ( là aussi coucou les clins d’œils), Strange va simplement visiter deux dimensions. La terre 818, avec les illuminatis qui remplacent les avengers ( là aussi coucou les références et les caméos) et une dimension avec « Evil Strange ». Mais le temps passé dans ces deux univers, apporte quelque chose au personnage de Strange. Il évolue pendant le film, et chose incroyable, le film laisse présager que tout se finit bien pour lui, et à la dernière minute twist qui risque d’être très intéressant pour la suite. Le film, via le multivers, m’a permis de m’attacher à des personnages comme Christine de la terre 818, dont je n’avais rien à foutre dans le premier épisode. Et finalement, c’est un film qui parle des traumatismes, les blessures secrètes et intimes de Strange, comme la mort de sa jeune sœur que j’ignorais, mais aussi de celles de Wanda Maximoff. Strange le dit lui-même, sauver le monde ne contribue pas à son bonheur personnel, puisque la femme de sa vie ne peut pas être avec lui. Strange reconnait aussi qu’il a peur de s’ouvrir et s’attacher aux gens, j’ai trouvé ça très intéressant.

3) Une explosion d’idées visuelles

Allez pour en citer quelques unes. J’ai adoré la scène du tunnel de course poursuite entre Wanda et America, car elle donne un côté horrifique très intéressant. La scène de bataille musicale entre Strange et Evil Strange est aussi très bonne. Mais ce qui m’a clairement plu, c’est que Strange prend « possession » du cadavre d’un Strange alternatif dans son propre univers, à distance en utilisant un sortilège interdit, et en le combinant avec le pouvoir des spectres. J’ai trouvé ça excellent.Final un peu convenu, un peu « cliché », avec une sensation de feel good qui est contrebalancé tout de suite après par un twist et deux scènes post génériques qui font envie, l’une teasant la suite, l’autre étant un gag de Sam Raimi avec l’inénarrable Bruce Campbell.

Conclusion

Doctor Strange in the multiverse of madness est le film marvel que j’attendais depuis longtemps. Je pense très clairement que sans Sam Raimi à la réalisation, le film aurait été moins bon. Un scénario intéressant, avec une seconde grille de lecture, un acting excellent et notamment performance fantastique d’Elisabeth Olsen, complètement habitée par son personnage et l’une des « méchantes » marvel les plus réussies de la saga, mais aussi avec une galerie de personnages secondaires notamment féminins, Rachel Mc Adams en tête, et un Benedict Cumberbatch en forme, avec des plans visuels très sympathiques et qui tentent quelque chose. On a là pour moi le meilleur Marvel depuis longtemps, on reste évidemment dans cette formule MCU qui me convient clairement plus, mais le film arrive habillement à garder un peu de l’ADN de cette formule pour « rester dans les clous » tout en s’éloignant et en proposant un truc plus mature, plus adulte, plus barré que d’habitude, plus fou. C’était excellent, et j’espère que Raimi gardera la réalisation sur le troisième opus voir la même optique « Dark ». Je croise les doigts pour ça. Quoiqu’il en soit, Dr Strange 2 est un excellent cru de l’année 2022, autant en profiter.