Dodsworth
6.7
Dodsworth

Film de William Wyler (1936)

Dodsworth est un film que je voulais voir depuis longtemps – je me rappelle encore d’un cours d’étude de films en ligne sur Coursera sur les films de mariage à Hollywood qui l’avait mentionné. Sans trop d’attente, je profite d’Amazon Prime (même si enrichir Bezos ne me réjouit pas spécialement) pour rattraper sept ans de retard et regarder ce drame/comédie des années 30.
Après avoir trimé dur pendant vingt ans, Sam Dodsworth vend sa fabrique automobile et se prépare à un long voyage en Europe avec sa femme Fran qu’il a négligée jusqu’ici. Les deux s’embarquent sur un paquebot (pas d’avion, triste époque) et les voilà partis.


Petit problème, il devient très vite apparent que les deux n’ont pas tout à fait la même idée de la retraite, ni les mêmes centres d’intérêts. Sam assume pleinement son statut de pécore américain et est tout à fait à l’aise dans l’idée de profiter des choses simples de la vie : apercevoir un phare sur la côte anglaise, faire tous les trucs touristiques à Paris, prendre un café dans un bistrot, le tout en se couchant à 9h du soir. Fran, quant à elle, a sacrifié sa vingtaine en ayant une gosse et en tenant la maison pendant que Sam travaillait, et veut du coup rattraper le temps perdu. Elle s’imagine grande dame, veut côtoyer les artistes et aristocrates désargentés de la vieille Europe et danser jusqu’au bout de la nuit avec des hommes bien plus jeunes qu’elle.


Le film est excellent, bien joué et malgré son grand âge, totalement transposable à un cadre actuel. Bon, aujourd’hui, Fran serait une influenceuse qui passerait son temps en boite ou en rave et à poster des selfies sur Instagram. Un peu moins cool…


La fin du film est un peu décevante, car manichéenne. Fran pète complètement les plombs et, alors qu’on pouvait tout à fait se rallier à ses raisons au début (la pauvre a quand même passé vingt ans à repriser les chaussettes de son mari et sacrifié ses meilleures années), se transforme peu à peu en harpie insupportable et irrécupérable. Sam, qui est quand même un bon gars, termine avec un happy ending incontestable. J’aurais bien vu une fin où les deux finissent ensemble et coincés dans leur ville perdue du Midwest, malheureux, aigris et condamnés à se supporter l’un l’autre pour le meilleur et pour le pire jusqu’à la fin de leur vie.


Le film est bizarrement assez peu connu sur SensCritique mais a pourtant fait un carton à l’époque. C’est du Wyler, donc du solide, et avec un casting propre derrière aussi (Walter Huston et Mary Astor, surtout). Dodsworth a ce charme à la fois intemporel et désuet des vieux films et la verve inégalable des comédies de mariage des années 30-40. Un petit bijou à voir pour les curieux.

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le 15 mars 2022

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Aramis

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