Il est vraiment très intéressant de regarder en parallèle Dominion et Au Commencement, les deux prequels de l’œuvre cultissime de 1973, car cela permet de comprendre l'imbroglio entre les studios et les réalisateurs (en résumé : Paul Schrader propose "Dominion" au studio, le studio trouve le projet mauvais, refait un film "plus spectaculaire" avec Renny Harlin aux commandes, qui floppe lamentablement au box-office, obligeant le studio à faire machine arrière et laisser Schrader faire son film d'origine...qui s'est aussi vautré dans la réception spectatorielle. Tout ça pour ça.), qui ont conduit à ces deux films "très proches, mais si différents". Concrètement, ils racontent la même chose (les fouilles archéo en Afrique du cureton tourmenté, qui libère par mégarde un démon qui s'attaque à une tierce personne mettant à l'épreuve le curé), mais de deux façons totalement opposées : un peu comme L'Exorciste III / L'Exorciste III Director's Cut, il y a une démonstration de jumpscares et de raccords avec l’œuvre de 1973 (Au Commencement), et un film à l'intrigue détaillée soigneusement mais sans aucun spectacle ni lien au premier film (Dominion). Choisissez la tournure de film que vous préférez, pour notre part on n'a apprécié aucun des deux films. Dans ce Dominion qui sent le film fait dans la douleur à plein nez (tout semble forcé), le temps est très long, tant rien n'est tenté pour nous effrayer, et même le possédé n'a que les yeux rouges, et il n'est pas content, ce qui n'impressionne pas beaucoup (si vous travaillez avec du public en hiver, c'est juste votre quotidien). Stellan Starsgard se débat pour la deuxième fois avec son rôle de cureton traumatisé, toujours aussi sincèrement (c'est certainement le seul point que l'on sauve, il semble mettre du cœur à l'ouvrage, alors qu'en réalité il devait surtout en avoir plein les bottes), son curé étant assailli de mauvais effets spéciaux numériques (les hyènes, ce n'est pas possible) et d'un final ronflant (le possédé
devient chauve, et adore s'accroupir en ricanant...
Wow... Remboursez.). Tout le spectacle outrancier de Au Commencement manque ici, on s'embête poliment, même si l'histoire des fouilles a le temps d'être plus détaillée, étant épurée de toutes les scènes de jumpscares et les démonstrations de frayeurs bébêtes qui bouffaient toute la place dans l'autre film. Le vrai problème, entre ces deux prequels, c'est qu'il n'y a pas de juste milieu, on a soit un divertissement trop bas du front pour la saga L'Exorciste, mais dans lequel on ne s'ennuie pas (trop occupé à sursauter à chaque "pouet"), soit un néant de spectacle et un surplus narratif qui sont barbants. Il aurait fallu un entre-deux, ou peut-être juste une entente entre studio et réal, il paraît que c'est important pour faire un bon film...