Don't Stop Believin’: Everyman’s Journey raconte une histoire digne d’un conte moderne : celle d’Arnel Pineda, chanteur philippin inconnu repéré sur YouTube et propulsé au micro du mythique groupe Journey. Sur le papier, c’est une odyssée inspirante, un rêve américain version rock. Et pourtant, si l’émotion est indéniable, le documentaire ne parvient pas totalement à transformer l’essai.
Le point fort du film, c’est évidemment son sujet. L’histoire d’Arnel est puissante, universelle : un homme humble, à la voix bluffante, qui incarne l’espoir et la persévérance. On est sincèrement ému par son parcours, sa timidité, son émerveillement constant face à ce qui lui arrive. Le documentaire capte avec justesse cette sincérité.
Mais c’est aussi là que le bât blesse : le récit reste trop souvent en surface. On aurait aimé aller plus loin dans l’intimité, comprendre les tensions, les doutes, les coulisses plus rugueuses de cette intégration dans un groupe emblématique. Le film préfère l’hagiographie au questionnement, la success story au documentaire de fond. C’est touchant, mais frustrant.
La réalisation de Ramona S. Diaz reste très classique, presque scolaire. Elle accompagne les événements avec pudeur, mais sans réel parti pris artistique ou narration audacieuse. Les images de concerts sont efficaces, la bande-son joue à fond la carte de la nostalgie – mais cela ne suffit pas à donner du rythme ou du relief à l’ensemble.
Certains moments traînent, et l’émotion finit par se diluer. On aurait aimé une mise en scène à la hauteur du parcours d’Arnel, plus incarnée, plus immersive. Là encore, le film touche sans totalement convaincre.
Malgré ses limites, Everyman’s Journey garde une vraie valeur humaine. Il rappelle à quel point le talent peut surgir de partout, que les rêves ne connaissent pas de frontières. Et surtout, il donne la parole à un artiste modeste, dont la voix mérite d’être entendue. C’est ce message d’espoir, simple mais fort, qui sauve le film.
En tant que spectateur, je ressors partagé : ému, mais un peu frustré. L’histoire d’Arnel valait mieux qu’un simple hommage. Elle méritait une vraie plongée documentaire, plus nuancée, plus audacieuse.
Un documentaire touchant mais trop sage, à l’image d’un concert vu depuis le fond de la salle : on sent la puissance, mais on reste à distance.