Donne-Moi des Ailes semble être cloué au sol le temps de ses premières minutes avec ses conceptions du monde d'un autre âge. En effet, l'administration se montre sous son meilleur jour, du genre bien sûr bouh qu'elle est vilaine !, tandis que les jeux vidéos font forcément pourrir les boyaux de la tête.


Ce genre de manichéisme bêta s'estompera cependant peu à peu pour enfin laisser le film prendre son envol et exalter tant le pouvoir des rêves que ceux, un peu excentriques parfois, qui en sont à l'origine. Une sorte d'euphorie s'emparera donc de la salle plus d'une fois, tout d'abord lors de cette période d'imprégnation où l'on se ravira sûrement de voir se dandiner maladroitement des poussins dodus et duveteux. Puis, dans un parallélisme évident, lors de d'une reprise de contact entre un père un original et son fils symbole de génération nan nan qui ne s'intéresse à pas grand chose.


Peut être plus que les oies, ce sont ces deux là qui s'envoleront finalement. Un père qui a transmis ses passions et sa vision du monde utopique à un fils qui, sur un coup de tête, trouvera l'énergie de réaliser un rêve a priori impossible.


Le beauté attendue des décors lors du périple est bien sûr au rendez-vous, tout comme l'attendrissement porté aux oiseaux, ou encore la simplicité du propos sur la défense de l'environnement. Entre récit initiatique et fable, Donne-Moi des Ailes réussit l'exploit de faire oublier ses rebondissements qui n'en sont pas vraiment, cette menace bien vite envolée ou encore sa nécessaire reconstruction un brin conservatrice de la cellule familiale originelle. Pour faire planer le public en compagnie de cet enfant et de ses oies, dans l'accomplissement d'une entreprise folle et extraordinaire.


Sur un sujet analogue, on pensera évidemment au Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à Travers la Suède, auquel Nicolas Vanier fait quelques (lourdes) allusions, ou encore à la toute jeune Anna Paquin de L'Envolée Sauvage. Mais le metteur en scène actualise son incarnation, via le prisme techno des réseaux sociaux et de l'emprise médiatique qui, pour une fois, apportera un enthousiasme et une forme de bienveillance admirative achevant de rendre sympathique le divertissement proposé.


Sans jamais déraper, au contraire d'une oeuvre comme La Vache, à laquelle on pourrait comparer ce Donne-Moi des Ailes. Car ici, point de comédie grasse, d'idioties, d'hystérie ou de vidéos malaisantes, seulement un engouement, un soutien ou encore un sens du merveilleux qui ferait presque encore croire que nous aurions encore la capacité de changer les choses.


C'est peut être là tout ce qui fait le prix de Donne-Moi des Ailes, tout comme son récit candide mais très attachant, sa vision d'un âge ou tout est encore possible car on n'a pas encore eu la bêtise de s'imposer de limites.


Reprendre contact avec la nature, s'émerveiller autrement, pour la génération actuelle, que par les écrans, voilà le fond d'une entreprise finalement élégante et funambule à la fois qui constate que la jeunesse peut encore nous surprendre.


Voilà qui est moins réac' qu'il n'y paraît...


Behind_the_mask, qui cherche désespérement Quenotte...

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le 19 oct. 2019

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