Dominik Moll récidive après l'excellent "La nuit du 12" en livrant le non moins excellent "Dossier 137".
L'écriture, le montage, les dialogues, tout contribue à tenir en haleine le spectateur.
L'interprétation n'est pas en reste, Léa Drucker livre -comme toujours- une prestation habitée inoubliable en enquêtrice sans concession.
Là où le film force le respect, c'est par son absence totale de manichéisme : ce n'est pas du tout un film à charge contre la police. La réplique "si on laisse faire ceux qui déconnent, tous les bons éléments vont finir par quitter la police et il ne restera plus que les mauvais" (la lettre n'est pas respectée, je cite de mémoire) sonne comme un avertissement.
Et surtout par petites touches la lumière est mise sur le vrai coupable : le pouvoir politique, affolé par le caractère possiblement insurectionnel d'un mouvement, qui oblige des forces non formées au maintien de l'ordre à agir. Rappelons qu'Amnesty International a relevé que 80% des tirs de LBD pendant le mouvement des gilets jaunes ont été effectués par des équipes dont le maintien de l'ordre ne fait pas habituellement parti de leurs missions.
Une vraie question pour la démocratie que le film met en lumière avec une scène quasi-finale sur la déontologie servie par la supérieure de l'enquêtrice ... moment lunaire mais ô combien juste pour qui connait les arcanes administratives.
Un film à ne vraiment pas manquer.