J'aime beaucoup le cinéma de Dominik Moll. Très cinéphile, il n'a pas peur de mélanger les influences. Il ne tombe jamais dans les travers du cinéma français, fait infuser ce qu'il a digéré du grand cinéma américain, mais sans jamais américaniser sa caméra ou ses personnages.
L'omniprésence des médias (dans le sens de medium) tels que les photos de journaliste, la télé en continu, les shorts de chat, les vidéos de téléphone, les caméras de surveillance,
montre bien leur importance dans notre rapport à l'actualité et surtout aux faits.
Je trouve qu'il y a une science de rendre tout intéressant, tout en finesse : le montage sur les différents points de vue, tant des policiers que des gilets jaunes, est excellent. Pas besoin de faire tournoyer la caméra, de rythmer avec de la musique. Au contraire, on sent le côté procédurier nécessaire à une enquête. J'adore les enquêtes.
Autre détail très parlant : le fait que notre héroïne n'a pas choisi sa position, c'est un simple fait de vie qui l'a amenée ici, rien de grandiose ni une volonté de justice inébranlable.
Le dernier dialogue entre Drucker et sa boss est très bien écrit même s'il fait peut-être un peu trop office de synthèse de tout ce qu'on a vu. Par contre la toute fin avec (enfin) le témoignage du 1er concerné est déchirant, l'acteur d'une justesse magnifique. Son "J'essaie de ne pas les détester. J'essaie de rester positif" est déchirant, puis le retour dans la voiture avec Joe Dassin. Une grande fin.
Le film n'est ni pessimiste ni optimiste mais réaliste, l'IGPN est montré comme une institution consanguine avec la police, elle n'est pas indépendante donc la justice y est rare. Elle est construite pour que l'omerta l'emporte, elle est viciée de l'intérieur : les dés sont pipés.
Le dossier 137 peut être classé sans suite, et tout est rentré dans l'ordre.