Stéphanie Bertrand travaille pour l’IGPN, l’Inspection générale de la police nationale. En décembre 2018, lors d’une manifestation des gilets jaunes, un jeune homme est grièvement blessé à la tête par un tir de balle en caoutchouc. Sa mère demande l’ouverture d’une enquête : ce sera le dossier 137.
« Pourquoi tout le monde déteste la police ? », interroge son fils Victor. Vaste question pour Stéphanie, prise en étau entre des victimes qui n’ont plus confiance dans les autorités et des collègues sur lesquels elle se doit d’investiguer. Une rigueur constante est exigée pour éviter toute partialité, même si l’impression générale finit vite par pencher du côté des vaincus. Droite dans ses baskets, Léa Drucker incarne cette héroïne investie, qui tente d’agir au mieux en contenant ses émotions, quitte à se laisser entraîner dans des filatures parfois excessives, dont l’une se conclut ironiquement par un renversement… Cette fois, c’est à elle qu’on demande ses papiers.
Documenté et factuel, le film avance sereinement, parvenant à maintenir haut l’intérêt. Il interroge le pouvoir des images et la difficulté d’en faire une preuve irréfutable. Pour atténuer son aspect trop procédurier, il accompagne aussi Stéphanie dans son quotidien — adoptant un chaton, jouant au bowling ou rendant visite à ses parents — rappelant que, dans cette affaire, la dimension humaine résiste.
Après son angoissanteNuit du 12, Dominik Moll poursuit son exploration de l’institution policière. Dans un pays qui se tient mal et se console en visionnant des vidéos de chats sauteurs, il met en lumière celles et ceux qui, malgré l’absurdité d’un système entier, s’efforcent encore de faire en sorte que la justice pour tous ne soit pas qu’un concept galvaudé.
(7/10)
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