Parmi la floppée de buddy movies qui ont été produits durant les années 80, Double détente (Red Heat en VO) se démarque tout d'abord par la singularité de son duo de flics. Au plus fort de sa gloire, et en pleines années Reagan, Schwarzenegger prenait le risque d'incarner un flic soviétique parti en chasse au trafiquant de "cocainum" jusqu'en terre yankee. Comme de juste, il devra faire équipe avec son pendant américain et parfait opposé, le flic cynique et blasé Art Ridzik (James Belushi). Et comme de juste, les deux hommes ne peuvent pas se blairer. Deux flics antithétiques, une ambiance sordide, un psychopathe flippant, une fusillade dans un hôtel, et même une poursuite en bus : Walter Hill ne se creusait pas trop le melon et recyclait quasiment les mêmes éléments de son 48 heures, musique de James Horner à l'appui, pour les appliquer au contexte de la détente de la guerre froide si joyeusement brocardée dans quelques grosses productions hollywoodiennes de l'époque (le propagandiste Rocky 4, l'excellent À la poursuite d'Octobre rouge).
Le cheveux blond et plus raide que jamais, l'expression aussi glaciale que celle d'un T-800, Schwarzenegger revenait aux fondamentaux du colosse taiseux qui avait fait son succès, à mille lieues du sympathique Julius qu'il incarnait dans Jumeaux un an plus tôt, et bien loin de ses rôles plus expressifs de Running Man et de Predator.
La caution comique tient évidemment plus à la présence du mésestimé James Belushi, parfait dans son rôle de flicard sarcastique, indiscipliné et un rien bedonnant. Son duo formé avec Schwarzy fonctionne à merveille et nous offre quelques scènes mémorables aux lignes de dialogues souvent hilarantes. Mention spéciale à la scène de la planque en voiture et du clochard racketteur, étendu d'une droite sur le trottoir par Schwarzy, qui demeure un grand moment comique, ne serait-ce que pour le dialogue amusant qui s'ensuit entre les deux flics.
Alors oui, Double détente n'est pas vraiment un grand film policier et il a plutôt tendance à rester banal dans la filmo de Schwarzy. Mais il reste quand même parfaitement représentatif de cette époque où Hollywood profitait du contexte de la détente pour draguer le bloc soviétique. Elle lui prêtait son Terminator pour incarner un modèle d'intégrité musclée, le contrepoint des vilains clichés jamesbondien, sans se douter que le mur, déjà bien fissuré, s'effondrerait l'année suivante.