Rayon horreur, le cinéma des années 80 est dominé par le slasher. Mangé à toutes les sauces, le genre a produit beaucoup de séries B très dispensables. De façon surprenante, ce Douce nuit, sanglante nuit sort du lot. Plutôt méconnu et mal aimé, le film avait, à sa sortie aux États-Unis, créé l’émoi par son choix de présenter une mauvaise incarnation du Père-Noël. Un crime de lèse-majesté qui obligea le retrait des salles à un film qui dominait en première semaine un certain Griffes de la nuit. Aux États-Unis, c’est bien connu, on ne touche pas aux idoles. C’est donc dans les vidéos-clubs que le film a bâti son véritable succès qui a conduit à plusieurs suites. En France, le film n’a jamais fait plus de bruit que cela. Et c’est bien dommage car il ne manque pas de qualités.


Contrairement à ses contemporains, la personnalité de son tueur fou a une histoire et elle nous est soigneusement racontée. De traumatismes en traumatismes, il se construit un univers qui va l’amener à la folie furieuse qui l’anime dans la deuxième partie du film. Si le trait est épais et parfois maladroit, cette dimension psychologique a au moins le mérite d’exister. Et elle contribue à mettre en place un récit intéressant qui ne se contente pas d’aligner les mises à mort de jeunes gens libidineux. Bien entendu, les jeunes couples en prendront pour leur grade mais pas seulement. En ligne de mire de ce Père-Noël pas comme les autres, la Mère supérieure de l’orphelinat où il a été élevé après la mort de ses parents. Charles E. Sellier Jr. en profite pour égratigner l’éducation à la ceinture de cuir de l’église catholique. Ça tacle à hauteur de tibia et cela contribue aussi à l’intérêt de ce film.


Bien entendu, on pourra pointer les multiples maladresses de l'ensemble. Ses mises à mort manquent cruellement d’imagination et on s’attarde plus sur les cadavres que sur les actes en eux-mêmes. Assurément en raison d’un petit budget qui fait aussi bien l’économie d’acteurs shakespeariens que de maquillages ingénieux. On se consolera avec le rythme maîtrisé de l’ensemble qui fait avancer l’intrigue sur le bon tempo et sur la personnalité d’un Père-Noël qui hurle « Châtiment » avant de rendre sa sentence à ses victimes. Très sympathique.


6,5


Play-It-Again-Seb
6

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le 13 déc. 2023

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PIAS

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