A l'origine pièce de théâtre filmée produite pour la télévision, puis adaptée à Broadway et enfin reprise dans le film de Sidney Lumet, Douze Hommes en Colère est remarquablement bien écrit, et la force du film est de nous faire oublier son origine théâtrale, tant la caméra nous plonge au milieu de ce huis-clos en se fixant sur les visages en gros plan, mais aussi les mains des jurés, la transpiration qui coule dans le dos et mouille les chemises, et le ventilateur capricieux.
Les jurés doivent statuer sur la culpabilité d'un jeune homme "mauvais garçon", rebelle, maltraité par son père, non éduqué et venant "des basses classes", "ces gens-là", comme le dit l'un des jurés. Eux-mêmes sont tous des hommes, d'âges et de conditions sociales diverses et aucun de la communauté afro-américaine, asiatique ou même native: nous sommes dans les années 1950 aux USA, le combat pour les droits civiques bat son plein, mais dans la salle de délibération, rien n'y fait allusion.
Les jurés s'en remettent à cette vision du monde, ou les bannis sont les pauvres, les délinquants qu'on envoie en prison sans trop de cérémonie _ c'est dans l'ordre des choses _ où même à la chaise électrique dans le cas présent, puisqu'il s'agit d'un meurtre.
Le doute éprouvé par l'un des jurés (Henry Fonda) et toute l'astucieuse mécanique par laquelle les autres jurés se laissent gagner par ce doute, sont le ressort central de cette intrigue bien réglée.
Le panel de caractères, d'origines sociales et d'intelligence réflexive et humaine se révèle au fur et à mesure des discussions, contribuant à un suspense bien entendu conduisant au verdict final, mais surtout à la manière dont les esprits vont s'ouvrir à la réflexion (même si tous n'en sont pas capables, le publicitaire n'a pas vraiment le beau rôle, on peut le dire^^).