Flamboyante adaptation de l’œuvre de Bram Stoker à l’atmosphère délicieusement baroque et crépusculaire. La mise en scène enchaîne les trouvailles toutes plus pertinentes les unes que les autres, conférant au métrage une âme démoniaque à l’instar de son personnage principal. Esthétiquement parfait, ce Dracula bénéficie en outre d’une composition musicale grandiose signée Wojciech Kilar qui marque le spectateur de son empreinte lourde et lugubre, romantique et terrifiante. On aime s’y replonger encore et encore comme envoûtés, possédés, mordus au plus profond de notre sensibilité par le vampirique Coppola qui parvient – non sans génie – à graver la rétine d’images somptueuses tout en nous faisant boire dans une coupe amèrement humaine. Car nous comprenons ces damnés qui, par leur immortalité pécheresse, réfléchissent nos rêveries et pensées secrètes, reflètent notre condition et les préoccupations qui lui incombent. Éprouvant et magnifique voyage dans les profondeurs terrestres, au-delà du mythe et en deçà du réel.