Christopher Lee et Bernard Menez ou l'improbable rencontre entre le prince des ténèbres et l'un des papes du nanar franchouillard. C'est la surprenante idée qu'a eu le confirmé Edouard Molinaro en adaptant librement le roman de Claude Klotz, "Paris Vampire" pour cette parodie des films de vampires. Mais là où Roman Polanski avait réussi son pari avec son "Bal des Vampires" grace à un humour teinté de respect envers les classiques du genre, Molinaro se casse, quant à lui les dents avec ce film bizarroide et raté.

On pourrait penser que l'étrange association des deux (très) différents acteurs soit la cause de cet échec. Et bien non, c'est même ce qui marche le mieux dans ce néant comique. Christopher Lee s'amusant visiblement à s'auto parodier dans un français plus que parfait, accompagné par un Bernard Menez en grande forme, totalement convainquant dans l'éternel rôle de looser séducteur qu'il a souvent interprété chez Pascal Thomas et qui lui va comme un gant.

C'est donc au niveau du scénario et de la mise en scène que le bas blesse. On a effectivement connu Edouard Molinaro beaucoup plus inspiré auparavant qui ici, peine à faire avancer son histoire.

Très avare en gags, l'intrigue qui se veut au départ, parodique, se dirige rapidement vers la critique sociale bancale. En effet, après des années de tranquillité en Transylvanie, la petite famille doit émigrer de force à l'arrivée des communistes. Le fils débarquant en France, va devoir faire face au racisme et au rejet des habitants du pays des Droits de l'Homme, l'obligeant à se réfugier auprès des immigrés maghrébins qui connaissent le même sort que lui. Difficile donc de faire rire avec un sujet comme celui-ci et on sent bien que Molinaro n'arrive pas à choisir définitivement sa direction. D'autant plus que cette critique, dès les retrouvailles entre le père et le fils survenues, s'efface au profit d'un étrange défi oedipien entre les deux hommes qui veulent séduire la même femme.

Bref, le film part donc dans tous les sens, soutenant une morale dans laquelle, pour s'intégrer et vivre normalement, il vaut mieux avoir la volonté d'être comme tout le monde, pas très convaincante.

Ceux qui s'attendait à une véritable comédie seront certainement déçus malgré les multiples tentatives d'un Bernard Menez qui y met pourtant, du sien. Pire, on s'ennuie vite et profondément, pas aidés par une photographie sombre et laide.

Molinaro qui nous avait habitué à bien mieux ("Oscar" ou "La Cage aux Folles") reconnait par la suite que ce film n'est pas sa meilleure réussite. On ne peut qu'être d'accord avec lui.

Massimiliano_N
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le 23 juil. 2025

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