Un futur alternatif apocalyptique sans espoir de réussite



  • C'est trop dur ! Je ne deviendrais jamais un vrai guerrier de l'espace.

  • Mais si tu y es presque, il faut que tu persévères. Notre force se manifeste à travers la colère et c'est ça le secret, et pour éveiller en moi la colère il suffit que je pense à mon père et à tous les amies que j'ai perdues. Et à mesure que je sens monter la fureur en moi je me transforme petit à petit en super guerrier. Tu en seras un toi aussi, car tu es le fils de Végéta, et un jour tu deviendras comme lui.



Dragon Ball Z: L’Histoire de Trunks, de son titre original Doragon Boru Zetto: Zetsubo e no hanko !! Nokosareta cho senshi-Gohan to Torankusu?, traduction : Dragon Ball Z: Résister jusqu’au désespoir !! Les derniers super-combattants survivants-Gohan et Trunks (pfiu le titre...), est un OAV-téléfilm d’animation sortie en 1993, réalisé par Yoshihiro Ueda. Scénarisé par le créateur de la saga originale : « Akira Toriyama », L'histoire de Trunks est l’adaptation du manga intitulé " The Trunks Story ", de Toriyama. Un opus faisant parti des rares OAV à être directement lié au support de base, ce qui lui donne une touche toute particulière qui le différencie de ses pairs. Un spin off centré sur le futur alternatif, atroce, et répulsif de Trunks.


D'emblée de jeu le récit n'épargne personne, en présentant sans ménagement la destruction brutale des icônes de Dragon Ball, ainsi que son symbole mythique : "Goku", que l'on voit mourir d'une crise cardiaque. Un moment grave qui calme dès les premières secondes les ardeurs des spectateurs, sachant que quelques secondes plus tard s'ajoute les morts barbares du reste de la team, par les Cyborg : C-17 et C-18. Krilin, Yamcha, Ten Shin Han, Chaozu, et même le puissant Végéta, sont massacrés. Même constat pour Piccolo, ce qui signifie également la mort du Tout-puissant (le Très-Haut) et donc des Dragon Ball. Délaissant tout espoir d'invocation de Shenron afin de pouvoir les ressusciter. Le ton est donc donné ! En moins de 5 minutes, l'idéologie d'une œuvre culte s'écroule, de quoi capter radicalement les esprits. Dès lors, on comprend qu'on est pas dans un film qui va chercher à nous ménager ! Le cœur serré, on titube difficilement vers notre canapé encore engourdi de la baffe violente que l'on vient de se prendre. On s'installe correctement le souffle coupé et on regarde la suite, inquiet.


Le scénario évolue 13 ans après la mort des héros dans un futur alternatif apocalyptique, où il n'y a aucune place à l'humour ni à l'espoir et encore moins aux réjouissances. Un monde délabrée par la folie de deux cyborgs indestructibles, avec pour seul gardien un Gohan adulte (seul rescapé de l'ancienne team), accompagné de Trunks, fils de Végéta et de Bulma. Une tache rude même pour Gohan pourtant capable de se transformer en Super Saiyan, avec Trunks qui désespérément essaye de faire de même en s'entraînant inlassablement. Impuissant, ils ne peuvent rien faire d'autre que de se cacher dans les ruines devant la terrible puissance de leurs adversaires. On navigue dans des décors chaotiques jonchés de cadavres (même d'enfants), où l'espoir n'est clairement pas permis. L'apocalypse selon Akira Toriyama, qui fait penser au futur du film Terminator de James Cameron, dont Toriyama c'est clairement inspiré. Trunks est le John Connor du futur, ne pouvant rien faire contre les machines à part résister tant bien que mal, sans pour autant abandonner l'espoir de changer les choses en plongeant dans le passé. Une connotation à Terminator qui sera poussé jusque dans le manga original avec l'incursion de Cell, qui pour rappel est un organisme synthétique créé par une machine. Il viendra du futur et tuera Trunks pour voler sa machine à voyager dans le temps afin de retourner dans le passé. Une allusion bienvenue !


Gohan est présenté dans une tout autre version que celle que l'on connaît tous. Beaucoup plus massif et sévère que sa version originale, il fait preuve d'une maturité déroutante à travers un charisme surprenant. Avec son visage balafré et l'un de ses membres atrophiés, il porte les stigmates d'un monde infernal et implacable. Il est badass ! Mentor de Trunks, il mise tout sur lui en devenant son maître et en le formant aux arts martiaux, plus précisément à la transformation en Super Saiyan. Une aide précieuse avec l'espérance de détruire une bonne fois pour toutes les cyborgs.
Trunks (également appelé Toranku, Tolinks, Mirai Trunks...), n'a absolument rien à voir avec la version endiablée, ouverte et frimeur du présent. Ayant évolué dans un cadre bien moins réjouissant, le Trunks du futur est timide, gentil et courageux. Son état d'esprit est particulièrement bien élaboré, étant curieux de cette vie passée paisible qu'il n'a jamais connu, ainsi que de son père, Végéta. Un personnage intelligemment développé qui deviendra une des références de l'univers Dragon Ball, devenant le propre héros de son époque, mais aussi du passé en rejoignant la résistance contre les cyborgs et en sauvant Goku de sa maladie, et par la même toute la team.
Un véritable cadre d'une importance cruciale.




  • Après tout il est le fils de Végéta.



L'Histoire de Trunks est sans doute l'OAV-téléfilm le plus violent, le plus pessimiste, et désenchanté de toute la saga, malgré une concurrence de taille avec " Le Père de Son Goku ". Un scénario d'une teneur dramatique surprenante chargé en émotions fortes. Le rythme soutenu appuyé par le cadre extrêmement violent offre des grands moments de bravoures. Des affrontement percutants menés par un Gohan atrophié qui contre C-17 et C-18 livre de grands moments explosifs.
Sur le plan épique et culte, on est magnifiquement servi par le biais d'une scène déchirante, qui mérite à elle seule de visualiser le film :


La mort de Gohan par le regard d'un Trunks anéanti et désespéré ! Le jeune garçon en pleurs se rapproche du corps inerte de son maître, pour le prendre dans ses bras. Il laisse alors le chagrin et la rage le submerger, pour finir par se transformer pour la première fois en Super Saiyan. Une séquence bouleversante d'une force dramatiquement saisissante !


Le dessin n'est pas le point fort de ce titre avec quelques petits problèmes de précisions par endroits. Un trait pas toujours régulier qui offre néanmoins un boulot suffisant. J'aime beaucoup le coup de crayon autour de Gohan qui rappelle beaucoup Goku, dont il porte d'ailleurs son uniforme de combat, délaissant celui de Piccolo. La mise en scène malgré quelques petites flamboyances est assez formaliste avec une atmosphère visuelle qui y aurait gagnée à être plus sombre et noire dans sa colorisation via un jeu d'ombres adapté, comme pour l'OAV "DBZ: Le Combat fratricide", l'opus le plus sombre. Un aspect technique qui aurait apporté un sacré plus à l'image en collant davantage avec sa trame impitoyable et déprimante.


La musique est signée une fois de plus par le génial Shunsuke Kikuchi, qui livre comme à son habitude des partitions fortes, entraînantes et déchirantes, comme durant la fameuse scène mettant en avant le désespoir et la rage de Trunks. Pour l'occasion, on a droit à une bande originale inédite avec le titre : d'Aoi Kaze no HOPE, traduction : "L’espoir d’un vent bleu". La chanson peut être entendue durant le générique de fin dans sa version originale. Dans la version française on a droit qu'à la version instrumentale. À voir, si aujourd'hui elle est disponible dans une nouvelle version vf. La chanson n'est pas fantastique, mais elle offre une partition optimiste venant contraster avec la noirceur du récit, laissant enfin présager une lueur d'espoir .
Comme le disent les paroles de la chanson :
« Il y a toujours de l'espoir malgré la noirceur de la vie. »
Une bonne conclusion qui se poursuivra dans la série animée, ou le manga officiel. Que demander de mieux ?



CONCLUSION :



L'histoire de Trunks est un diamant brut qui mérite une bonne taille dans sa technicité un peu faiblarde mais qui trouve toute sa texture dans son histoire apocalyptique traduite telle une fresque morbide terrifiante. Un excellent OAV imaginé par Akira Toriyama lui-même, qui dresse un contraste percutant qui n'hésite pas à sacrifier les emblèmes mythologiques de sa franchise.


Un film mémorable qui prend tout son sens dans sa dramaturgie traumatique.




  • Son Gohan dis-moi quelque chose... Son Gohan... Son Gohan ! Haaaaa !!!!!


B_Jérémy
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le 5 nov. 2018

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