Voilà près de dix ans que Chris Sanders et Dean DeBlois nous ont fait découvrir le cœur des dragons afin de conquérir un public qui soutient sans hésitation ce projet à la fois ambitieux et majestueux. Et ce sera le second nommé qui poursuivra et qui conclura ainsi une saga riche en émotions et en divertissement. Proposant toujours un grand éventail de lecture pour les petits comme pour les grands, la morale évolue sur trois axes où enfants, adolescents et adultes sauront s’identifier. Dans ce dernier acte, il sera question de responsabilités, mais vis-à-vis d’une communauté dont on doit préserver l’intégrité et les traditions. L’attachement sera également au cœur du propos et nous emmènera rêver le temps d’un séjour dans les airs, avant de nous ramener sur la terre ferme, là où on commence enfin à grandir et à cesser de rêver, ou du moins presque.


Berk. La collectivité prospère parmi les dragons, amis de l’Homme. Et ce n’est plus une surprise pour personne si tout l’enjeu émotionnel tourne encore et toujours sur la complicité entre Harold et Krokmou, les inséparables. Mais vient alors des conflits qui vont venir secouer la sensibilité des héros, entre le sentiment de prendre en charge son rôle de leader au sein de son peuple et du rôle d’individu parmi les dragons. Le dilemme est immense pour le jeune chef qui appréhende encore afin que sa cité survive. Ajoutons à cela un catalyseur dans cette ultime aventure, un méchant qu’on nomme Grimmel, tueur de dragons. Malheureusement, de ce côté-là, il faudra s’attendre à de la surenchère, car l’aspect ludique et lucratif prédomine pour le studio qui ne propose qu’un discours universel. Et quand bien même on n’exploite pas à fond son potentiel, car le sentiment de danger est à peine effleuré, nous parvenons à distinguer les limites, voire les failles dans ce dernier battement d’ailes. À la fois embelli de couleurs et d’un brin de lyrisme, le récit prend à contre-pied l’efficacité qu’il y avait dans les deux premiers volets.


Il manque certainement de spectacle dans cet épisode qui s’exprime avec sobriété. Malgré tout, il ne faudra pas comparer ce freinage comme une passion qui se dissipe, car le romantisme est bien présent et est soumis à des modalités de taille. Ce qui trahit en revanche cette baisse de régime, c’est le monde caché qui devait justifier ce dénouement très attendu. Or, la mise en scène est souvent maladroite lorsqu’on en parle. L’usage de flashbacks est négligeable, car sont désamorcés dans les secondes qui suivent, afin de rendre plus explicite les propos. Le film est un grand guide qui ne joue donc pas sur la carte de la subtilité, car il enchaîne le spectateur dans le mélodrame qui touche Harold et Astrid, parallèlement à Krockmou et sa nouvelle amie. Sans surprise, la finition des décors, comme la bande originale, ne sont pas eues rendez-vous et s’essouffle au fur et à mesure que l’on avance. Mais ce sera dans le langage corporel que le film réussit son pari, car les mots auront peu d’importance devant des images aussi bluffantes dans l’âme et aussi touchantes dans le cœur. Cela dit, il faudra tout de même considérer un ajustement du ton, car l’intrigue est empreint de maturité. Dans un élan de faiblesse, on nous laisse entrevoir une ouverture libératrice et logique. Certes, ceci pourrait en déplaire plus d’un, mais si cela arrive, c’est qu’il aura été conquis par l’atmosphère et l’illusion des risques pris dans cette folle aventure.


La fin douce et amère que constitue « Dragons 3 : Le Monde Caché » est généreuse lorsqu’il s’agit de jouer sur le sentiment de séparation. Pour le public, il est question de se détacher de l’univers, mais pour les personnages, il s’agit également de tourner la page. Les au revoir sont parfois difficiles à encaisser lorsqu’un lien très puissant habite une relation, qu’elle soit fraternelle ou d’une autre nature sentimentale. Mais dire adieu est bien plus compliqué à accepter. Le soutien maternel est mis en retrait, toute comme la paternité qui ne subsiste que dans les souvenirs. L’exil de chacun sera la seule solution afin d’établir l’harmonie tant convoitée depuis le premier volet. Des échos se feront sentir et nous aurons des piqûres de rappel bien amené pour nous remettre sur le droit chemin. Sans complexité, le passé et l’enfance sont abandonnés pour la vie comme on en parlerait dans un avenir lointain et non dans l’oubli.

Cinememories
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le 27 janv. 2019

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