http://made-in-asie.blogspot.fr/2010/09/dream-home-edmond-pang-ho-cheung.html


Il y a des œuvres cinématographiques comme Dream Home qui vous enchantent, vous subjuguent et vous prennent aux tripes alors même qu’elles sont parsemées de défaut. Peu importe. Les défauts de Dream Home passe largement au second plan tant le film parvient à nous divertir, nous faisant passer du rire, à l’effroi. De cet effroi glacé à l’écœurement le plus total. Juste jouissif. Les défauts qu’on pourrait lui trouver ne sont rien devant la maîtrise technique dont l’auteur fait preuve, nous montrant ô combien une aisance qui fait les grands. Cette faculté qu’il a de montrer et de parler du même coup de ses contemporains. Chaque plan, chaque séquence sont travaillés. Chaque détail : rapport sociaux, monde de l’entreprise,… nous est révélé avec l’ardeur d’un néophyte, bien qu’Edmond Pang n’ait plus rien à voir à proprement parlé d’un néophyte. Il garde tout de même en lui cette énergie, cet entrain qui nous emporte dans ses œuvres. S’ils parlent de ses contemporains c’est aussi pour mieux nous parler de Hong Kong et des changements que la ville a connus. Il nous plonge dans l’univers impitoyable de l’acquisition d’une propriété. Le monde de l’immobilier aux montants excessifs qui ne permettent à une grande majorité des hongkongais d’accéder à la propriété. Dream Home c’est « la lutte des classes » ! Un regard sans concession sur une société dans laquelle l’être humain n’est rien, où seul compte l’argent.


Dream Home est sans doute miné par des raccourcis notamment dans la progression qui nous amène vers ce point de rupture, celui du personnage interprété par Josie Ho. Cette « folie » meurtrière qui l’anime pour atteindre son objectif. Mais finalement, pas tant que ça. Certes, on pourrait lui reprocher d’être trop direct, trop expéditif, qu’il ne prend pas assez le temps de développer son personnage qui l’emmène vers ce chemin fait de sang et de cadavre, mais aurait-il été vraiment nécessaire ? Ne peut-on pas palier, nous-même à ce manque ? Parvenir à s’imaginer toute la frustration d’une gamine qui a vu le monde changer autour d’elle à un rythme fou et qui n’a comme leitmotiv dans son existence (peu glorifiante : deux boulots pour survivre, une vie sentimentale sans lendemain,…) un rêve de gosse qu’elle traîne comme l’épanouissement absolue de toute une vie ? Dream Home c’est juste bon ! J’en parle juste avec le cœur qui jubile. Cette œuvre fait du bien. On l’apprécie le temps qu’elle dure et encore après lorsqu’on en parle. On se remémore. On s’y rappelle des acteurs justes, d’une Josie Ho livrant une performance parvenant à faire exploser à l’écran toute sa douceur et sa bestialité de femme. Une Docteur Jekill et Miss Hyde à la sauce Edmond Pang. Ce cynisme dont fait preuve le cinéaste aussi. Superbe. Alors oui ! Ce n’est pas un chef d’œuvre parce que ce terme est trop galvaudé (et je fais partie des fautifs) mais ça reste un bon petit film de genre à tendance gore qui ne pourra que plaire tant qu’on lui donne sa chance.


In this crazy city. If you want to survive, you’ve got…


Nota bene ou Post-scriptum : Pour ceux qui auraient du mal avec le sang, les choses qui coupent, tranchent et j’en passe… passez peut-être votre chemin. Malgré tout, n’hésitez pas à vivre l’expérience. C’est sympa.

IllitchD
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 13 juin 2013

Critique lue 817 fois

17 j'aime

IllitchD

Écrit par

Critique lue 817 fois

17

D'autres avis sur Dream Home

Dream Home
Spark
8

La bulle internet a quand même fait moins de morts

Dream Home est certainement l'un des films les plus gores que j'ai vus. On parle de gore certes, mais il s'agit ici de gore extrêmement bien maîtrisé : il n'y a qu'à voir la scène d'intro pour...

le 1 févr. 2011

16 j'aime

7

Dream Home
drélium
6

Une vue sur la mer ou je fais un massacre.

Entre Love in a puff et Dog bite dog, l'indépendant Pang Ho Cheung délivre une belle mise en scène d'un Hong Kong décrépi et aliénant au travers de plusieurs fragments de vie d'une salary woman à...

le 13 déc. 2010

12 j'aime

Dream Home
takeshi29
4

Et ça continue engore et engore

Des meurtres gore à souhait et d'un réalisme jubilatoire parasités par une histoire-prétexte dont on se fout éperdument, et que le réalisateur a beaucoup de mal à intégrer dans son récit, ce qui...

le 14 nov. 2014

9 j'aime

Du même critique

L'Enfer des armes
IllitchD
8

Director’s cut

Disparu. L’Enfer des armes de Tsui Hark est une œuvre mythique à elle toute seule. Troisième et dernier film de Tsui Hark de sa période dite « en colère », l’original est interdit par le comité de...

le 31 janv. 2013

31 j'aime

2

A Bittersweet Life
IllitchD
5

Critique de A Bittersweet Life par IllitchD

Kim Jee-woon réalise une pépite de style. La réalisation a du style comme son personnage principal (Lee Byung-hun). Tout y est stylé, les plans, les costumes taillés, la belle gueule du héro...

le 28 mai 2013

31 j'aime

The Murderer
IllitchD
6

Critique de The Murderer par IllitchD

The Murderer commence dans le Yanji, ce début de film est d’un aspect quasi documentaire, Na Hong-jin nous montre une région aux immeubles vétustes et sinistres. Il y a une misère palpable qui...

le 11 févr. 2013

30 j'aime

2