Je ne pouvais pas ne pas faire de critique de Drive, ce film encensé par la critique, ce chef-d’œuvre incontestable, porté par un acteur génialissime. Vous sentez venir la suite ? J’ai détesté. Si j’ai mis 4, c’est bien parce que je suis dans un bon jour.

Drive, c’est un mélange de drogues anesthésiantes qui plongent peu à peu le spectateur dans un cocon douillet et d’un double high-kick dans les gencives qui réveillerait une momie de la première dynastie. Sincèrement, qui n’était pas tranquillement installé dans son fauteuil, les paupières papillotantes, un filet de bave commençant à délicatement perler aux coins des lèvres avant de se prendre – sans que rien ne soit venu l’annoncer – un bon grand coup de harpon en travers du torse ?

Personnellement, c’est ce que j’ai ressenti. J’étais là, en train d’essayer d’accrocher à cette histoire d’une lenteur infinie, quelque peu hypnotisée par l’esthétique de la photographie, quand soudain une tête explosa, éclaboussant l’écran de lambeaux de cervelle. Et, à partir de cet instant, l’ensemble du film se déroule de la même manière : tout est calme, quasiment immobile, et d’un seul coup, l’hémoglobine envahit l’image, avec force ralentis pour qu’on suive bien la mécanique du meurtre le plus barbare et salissant qui soit.

Pour tout vous dire, je ne me souviens même pas comment le film se termine tellement mon cerveau a décidé, de lui-même, d’effacer toutes traces de ce traumatisme. La seule image qui me reste en tête, c’est ce plan, interminable au possible, où Ryan Gosling est dans sa voiture, son t-shirt en sang, le regard fixe, apparemment sans vie. Je ne vais pas vous mentir en vous disant que cette scène m’a donné envie de hurler. Pas de peur, non. Loin de là. Mais de rage.

De rage devant cette avalanche de compliments faite à un acteur qui n’a, en tout et pour tout, qu’une seule expression. Qu’il emmène sa copine au parc ou qu’il ravale la façade d’un type à coup de marteau dans un ascenseur, le mec a exactement, toujours, la même tête. Peu importe ce qu’il fait, ce qu’il vit, ce qu’il ressent, il reste là : bouche serrée, yeux fixes, sourcils bloqués. Là où beaucoup voient du génie, je vois un mauvais acteur. Jouer un personnage mono-expressif ne le rend pas mystérieux, sombre ou torturé. Ca le rend juste fade, froid, inhumain. Ryan Gosling est un robot dans ce film (et dans tous les autres que j’ai vu de lui, ce qui induit une certaine marque de fabrique… ou tout simplement une inaptitude flagrante à jouer la comédie). Un robot qui ne parle pas, ne sourit pas, ne transmet aucune émotion si ce n’est l’effroi quand on assiste à ses éclats de violence aussi inattendus qu’insoutenables.

Donc oui, quand j’ai vu cette scène de fin – qui se voulait sûrement poétique ou je ne sais quoi - , j’ai eu envie de hurler. C’était long. Très long. Trop long. Cinq minutes d’un plan fixe pour voir un gars cligner des yeux, c’est du gâchis de pellicule. Tout comme ces silences à profusion qui m’ont surtout fait penser que l’équipe n’avait pas de dialoguiste sous le coude.

Pourquoi 4 alors ? Parce que le film a une esthétique certaine et que la musique a un petit côté hypnotique qui accompagne bien le délire. Maintenant, ce n’est pas du tout ma marotte et je ne me jetterai donc pas sur la B.O. Ni sur le DVD d’ailleurs. Jamais plus je ne regarderai ce film, même pas pour un million de dollars (autant se repasser Black Swan à ce compte-là).
NicodemusLily
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le 25 mars 2014

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NicodemusLily

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