Au vu de la réputation de ce premier vol en solo d’Ethan Coen à sa sortie, j’ai longtemps différé le visionnage. Et maintenant que le méfait est accompli, je me demande s’il n’aurait pas été préférable de garder l’idée de la déception plutôt que de constater l’échec cuisant de mes propres yeux.
Rien ne va dans Drive-Away Dolls.
Un projet bancal dès sa conception, puisque écrit à la fin des années 90s en voulant imiter les comédies de couple des années 70, et sortant finalement en 2024. Anachronisme à tous les étages, mais qui ne suffit pas à expliquer l’embarras total dans lequel le film plonge le spectateur.
Car le pastiche est ringard de bout en bout.
Dans son écriture qui semble plutôt référencer dans une posture auto-suffisante les précédentes comédies du duo de frangins qu’autre chose. Un McGuffin phallique déjà exploité dans Burn After Reading, et présenté sous le trope éculé de la mallette mystérieuse tombée entre les mauvaises mains dans un quiproquo éventé. L’alchimie qui perce (rarement) entre Qualley et Viswanathan ne suffit pas à faire passer la logorrhée insupportable de la première
Ringard dans sa forme également, se permettant un montage qui voudrait signifier les chutes des scènes sans jamais trouver le bon tempo, et envoyant des transitions indignes que même un débutant sur Movie Maker ne se permettrait pas. Les animations 3D qui, je le devine et l’espère, voudraient émuler la technique de 1999, mais qui dans tous les cas s’avèrent réellement laides. Une séquence de trip bariolé sur fond de Maggot Brain de Funkadelic qui renvoie inévitablement aux hallucinations de The Big Lebowski sans jamais ressembler à autre chose qu’un travail étudiant sur des couleurs flashys.
Rien ne va.
Je ne comprends pas ce film. Pourtant son exploration du monde lesbien, finalement assez rare, aurait pu donner quelque chose d’intéressant. Mais rien, le néant. Je ne comprends pas ce qu’il cherche à raconter, ni comment il peut être issu d’un des réalisateurs les plus influents de ma cinéphilie. Je ne saisi pas comment le mauvais goût peut être apparent à chaque scène. Je refuse qu’un truc aussi honteux puisse être là, dans mon esprit.
Drive-Away Dolls est une tâche. Je l’espérais singulière, accidentelle. Mais la sortie cet été de Honey Don’t avec le même accueil laisse présager du pire. Je me ferais mon propre avis, mais je n’irais clairement pas la fleur au fusil.