Drive My Car, ou le jardin secret d'un personnage discrètement tourmenté

Sachez que cette critique a été rédigée pour un devoir scolaire !!


Drive My Car est un film dramatique réalisé par Ryusuke Hamaguchi, réalisateur japonais né le 16 décembre 1978. Il est notamment connu pour les films Senses (2015) et Asoko I & II (2018). En 2021, il sortira son 9ème long-métrage, intitulé Drive My Car. J’ai choisi d’aller voir ce film car Hamaguchi est un réalisateur que je ne connaissais pas, et que le cinéma japonais m’était relativement inconnu également. De plus, Drive My Car est un film qui m’a paru intrigant dès le début, notamment avec sa bande-annonce, sobre et qui en dit peu sur l’œuvre, ainsi que sa durée, de 3 heures. Dans cette critique, je commencerai par résumer le long-métrage, avant d’aborder sa conception, qu’il s’agisse des personnages, de la mise en scène, du scénario, et de manière globale, une critique d’ensemble de l’œuvre et ses éléments notables. Je terminerai en abordant mon ressenti face au film, ce que j’en ai tiré, ainsi que mon interprétation de ce dernier.


Yusuke Kafuku est un metteur en scène de théâtre au Japon. Silencieux et taciturne, son passé n’est pas pour autant joyeux : il a perdu sa fille de 4 ans ainsi sa femme, et s’enferme dans son art, passant le plus clair de son temps à rouler, dans sa voiture, en révisant son texte, dans son cocon de confort. Un jour, Kafuku sera contacté par une équipe, proposant un projet : une pièce de théâtre multilinguistique, avec un casting à passer, à Hiroshima. Une fois prêt à travailler, on l’informe qu’il ne pourra pas conduire sa voiture seul, mais bien qu’une chauffeuse assignée, Misaki, se chargera de la tâche. C’est alors que nombreuses péripéties se dérouleront, entre la réalisation de la pièce, la relation de confiance se développant entre Kafuku et Misaki, et les nombreuses discussions, en voiture, à travers les pensées, les histoires, et les peurs des personnages.


Tout d’abord, la réalisation : ce film m’a particulièrement marqué de part cet aspect-là : en effet, cette mise en scène est inhabituelle à mes yeux ; Le rythme est très lent, les plans sont particulièrement longs, fixes, la grande majorité des scènes se passant sans musique, seulement rythmées de quelques bruitages, voire parfois nous plongeant entièrement dans un silence assourdissant, mais plein de sens. C’est une réalisation vraiment inattendue, et on est là face à une œuvre calme, silencieuse, et agréablement mélancolique. J’ai trouvé que la réalisation était à l’image du personnage de Kafuku, comme si cette manière de voir les choses, si lente et calme, provenait directement de lui-même. Les personnages, d’ailleurs : ils sont tous très bien développés, notamment le personnage de Kafuku (qui est, par ailleurs, le personnage central du film), qui, derrière sa nonchalance, son assurance et son silence, cache de nombreuses peines, doutes, émotions, qu’il ne laissera ressortir qu’une fois dans sa zone de confort : sa voiture. L’idée de la voiture est particulièrement importante voir centrale dans l’œuvre : cette voiture représente l’intimité de Kafuku. D’ailleurs, tout au long du film, une partie très importante de ce dernier sera justement consacrée à ça, des dialogues longs, profonds et sincères à l’intérieur de cette voiture. Dans Drive My Car, la voiture représente le lieu de confiance, le cocon intime, le jardin secret des personnages, ou ils peuvent, pour la première fois, dévoiler ce qu’ils ont sur le cœur. C’est cette interprétation que j’ai fait du rôle de la voiture dans l’œuvre, et en prenant en compte cette analyse, la fin (que je ne détaillerai pas) prend un sens tout particulier. Les autres personnages, eux, ont tous leurs propres personnalités, les acteurs les interprète à merveille et chaque personnage, derrière son masque, cache derrière lui une grande histoire, parfois très sombres (comme pour Misaki), parfois atypique (notamment le couple de coréens). Quant aux décors et lumières, ils sont gérés aux petits oignons : les scènes sont parfaitement retranscrites à l’écran, les décors et lumières sont réussies (notamment les scènes de nuit pluvieuses, avec les reflets de la voiture, ou encore la scène dans la neige, exagérément blanche et lumineuse, comme s’il s’agissait de la dernière étape pour Misaki). La musique, elle, se montre discrète, mais est de qualité, et accompagne avec parcimonie et élégance les différentes scènes et moments clés du film.


En conclusion, Drive My Car est un film qui m’a vraiment marqué, si bien qu’en sortant de la salle, j’avais l’impression de ressortir de tout un monde d’émotions différentes. Les 3h de film sont captivantes, et se laissent regarder sans difficulté, lentes mais rythmées, avec des personnages attachants et poignants (on est vraiment pris par le film et l’histoire des personnages), remplies de bonnes idées visuelles et de plans magnifiques, accompagnées par bon nombre de dialogues travaillés, intéressants et émouvants en tant que spectateur. La fin, quant à elle, est bien choisie,


et laisse même le spectateur en tirer sa propre interprétation.


L’élément à mes yeux le plus notable du film est le développement de la relation entre Kafuku et Misaki, devenant de plus en plus proches. On en viendrait à croire que leurs destins étaient liés, tellement les similitudes entre les deux ressortent, nous donnant droit à de magnifiques scènes, très émouvantes par moment. Le réalisateur nous emporte dans l’univers de ses personnages, dans leur histoire, et le retranscrit sous les yeux du spectateur à la perfection.

Astrance
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le 29 mars 2022

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