Drone Games
5.6
Drone Games

Film de Olivier Abbou (2023)

J'aime bien le réalisateur Olivier Abbou, que ce soit pour des films tels que Territoires et Furie ou pour son excellent travail sur la série Les Papillons Noirs il fait à la fois preuve de maîtrise formelle, d'inventivité tout en étant capable de créer des univers forts, tangibles et captivants. C'est dire à quel point j'espérais le meilleur de Drone Games son nouveau film produit pour Amazaon Prime et qui s'avère être une bien cruelle déception.


Drone Games c'est l'histoire de Tom un adolescent plutôt solitaire et passionné par les drones qui rencontre la jolie et rebelle Jane qui l'introduit dans une bande de jeunes anarchistes activistes et voleurs qui utilisent leurs drones pour commettre des hold-up très ciblés.


Alors par ou commencer tant Drone Games souffre de multiples et bien gênant défauts. Le premier et peut être le plus embêtant de tous c'est que l'on y croit jamais vraiment tant dans la structure narrative de l'histoire, que dans les motivations de la bande ou encore dans les personnages eux mêmes. Passe encore pour le héros solitaire pas trop mal caractérisé ou encore la fille de la bande certes pas d'une grande épaisseur mais relativement crédible à l'écran. Pour le reste entre le chef de meute gourou aux élans poétiques à la Francis Lalanne, la gendarmette volontaire mais pas bien méchante, le père du héros gros beauf alcoolique et violent qui passe ses collaboratrices sous le bureau, la mère malade pour la touche de pathos et les autres personnages translucides difficiles de vraiment s'attacher à qui que ce soit. Quant aux motivations de nos voleurs high-tech qui se prennent pour des Joker à hélices elles se doublent d'un message politique d'une naïveté sans borne et d'une certaine hypocrisie assez difficile à avaler. Car si la bande braque un fast-food c'est en réactions aux ravages de la malbouffe créant de l'obésité, si ils attaquent un supermarché c'est pour défendre les petits commerces et les artisans qui crèvent et si il braque une station service c'est pour condamner toutes les oppression liées à l'exploitation pétrolière. Ils auraient sans doute pu dans un même élan braquer un entrepôt Amazon pour dénoncer les conditions de travail ou la mise à mort de certaines boutiques par le E-commerce mais on ne mord tout de même pas la main qui nous nourrit. Et puis avec le pognon récupéré ils vont faire la fête en buvant de sots et en écoutant de la techno visiblement pas très concernés par les ravages de l'alcool et de la musique de merde. Alors que Olivier Abbou et ses scénaristes Thibault Lang Wilar et Mathilde Cadrot aient voulu donner une dimension social à leur thriller en convoquant des effluves de gilets jaunes, les préoccupations de toute une génération et en dénonçant la répression policière pourquoi pas, encore faut il le faire avec un peu plus de nuance qu'un coup grand de matraque. Et puis le dernier point un peu agaçant reste cette mise en scène en freestyle multipliant les formats d'images, les filtres, les effets de flou ou de surexposition sans que l'on comprenne forcément la pertinence du truc.


Fort heureusement Drone Games comporte aussi quelques raison de s'enthousiasmer car même si Olivier Abbou use et abuse d'une profusion d'effets de style pas toujours très réussis il sait aussi nous offrir quelques séquences d'action vraiment bien foutues et des plans séquences en apesanteur assez vertigineux. L'attaque du supermarché avec cette très judicieuse idée de mettre symboliquement les acteurs au cœur de l'action à la place de leur homologues drones, la course finale à grande vitesse avec une brigade de gendarmerie à la poursuite des drones sont deux beaux exemples de séquences qui fonctionnent parfaitement dans un mélange parfait de suspens et d'action. Par brides malheureusement bien trop rares le film nous offre aussi deux trois jolis moments de comédie notamment entre Tom ( Orlando Vauthier) et Jane (Angèle Metsger que j'avais découverte dans le joli film 100 Kilos d'Etoiles).


Avec des personnages un peu plus attachant, un discours socio-politique un peu moins primaire et une mise en scène un poil plus tenu, ce récit de voleurs volant et gentiment anarchistes aurait pu constituer un très bon divertissement … En l'état il reste un film bancal avec de grosses ficelles mais traversé ici et là de quelques beaux moments de cinoche.

freddyK
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le 7 janv. 2024

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