L’humanité dans tout ce qu’elle a de meilleure ne peut qu’être vivifiante pour un public en quête de bonheur. Ce cocktail rassurant rempli de vie alternant entre rires et larmes est manœuvré à merveille dont chaque petite carence est oubliée par sa puissance humaine.


Til Schweiger s’empare d’un thème qui l’anime au plus profond de son être : la maladie d’Alzheimer. Quatres ans plus tôt, il réalisait “Honig im Kopf” qui parlait du même sujet. Véritable succès en Allemagne en touchant plus de sept millions de personnes, le long métrage ne s’est pas exporté à travers l’Europe ou outre-atlantique. Une triste fatalité du cinéma qui a donné envie au réalisateur d’en faire un remake beaucoup plus américanisé pour séduire et se soustraire à un large public.


Cette fois-ci, les acteurs changent de peau du rôle principal aux personnages secondaires. Nick Nolte remplace Dieter Hallervorden, Matt Dillon succède à Til Schweiger et la fille de ce dernier qui jouait le personnage de Tilda auparavant laisse sa place à Sophie L. Nolte, véritable fille de l’incarnation d’Amadeus à l’écran. Outre le fait d’attirer le regard sur ce nouveau casting rafraîchissant, Du miel plein la tête est une affaire de famille par sa distribution faisant le parallèle à la vie réelle des acteurs, comme le faisait Honig im Kopf : dans le premier film, Til Schweiger est réellement le père de l’actrice principale jouant Tilda. Dans le second, Nick Holte est le père de la jeune fille, mais les deux jouent un rôle petite fille – grand père à l’écran. La relation à la famille se retrouve dans la vie de notre cher réalisateur, et de notre acteur principal : tous les deux ont eu un proche touché par la maladie d’Alzheimer.


L’émotion compte par surcroît plus lorsque les images projetées à l’écran riment avec humanisme et sincérité. C’est le cas de ce remake resplendissant. Si le réalisateur a arrangé son scénario pour qu’il puisse toucher autre que le public allemand, il y est parvenu en visant droit dans le coeur du spectateur en livrant ce qui se fait de plus poignant.
Amadeus est atteint de la maladie d’Alzheimer, lui qui a maintenant 76 ans. Veuf depuis peu et après quelques temps passé en solitaire, il s’installe chez son fils et sa famille.


On se rend compte d’une chose chez Schweiger : dès qu’il prend le temps de montrer l’émotion de chaque figure humaine en posant avec adresse sa caméra, nos larmes ne s’arrêteront pas de couler. Lorsqu’il s’amuse à jouer avec le montage comme s’il avait le feu entre ses mains, le résultat est balancé par ce choix fringant où en l’espace de dix secondes, dix plans sont apparus. A contrario, quand ce système d’assemblage est utilisé à des fins comiques, il est tout à fait toléré. Seulement, le montage assemblé à tout va sans aucune raison apparente relève soit d’un choix assumé de Til Schweiger qui est en soit une hypothèse intéressante, soit d’un réel problème cinématographique. Car s’il est trop rapide à certains moments, il contraste avec les morceaux plus lents et moins rythmés, où on prend le temps de capter chaque émotion et c’est par ce biais que réside toute la force du long métrage qui fait presque oublier ses défauts.


Du miel plein la tête dépeint une famille au cocon familial embroché par les disputes qui va se ressouder dans la maladie qui affecte Amadeus. Chaque visage emprunté dans les traits des personnages est un point de vue admirable sur comment chaque membre familial vit à sa façon le syndrome au-delà du malade. Un homme qui petit à petit voit sa mémoire s’en aller ; un père également fils qui n’accepte pas la réalité évidente de la maladie de son père ; une femme qui manque de patience, d’empathie et de temps auprès de son beau-père ; une petite fille dont les parents auraient des leçons à prendre ayant peur de voir mourir son grand-père s’efforçant de l’accompagner pour son bien dans sa maladie. Voilà à quoi ressemble cette famille dont l’attachement et la proximité vont être si simples pour le public.


Til Schweiger livre une partition remplie d’humanisme. Il nous montre l’humain dans tout son aspect positif sans tomber dans la naïveté mais en excellant dans la beauté représentative du meilleur chez l’Homme (et les clins d’oeil sur Trump sont appréciables). L’oeuvre prend même une direction de road trip en s’arrêtant à des étapes par la fonction de plusieurs scènes ou simplement des plans sur des hommes et femmes tous aussi bienveillants envers des individus étrangers. C’est un exemple à suivre que nous propose le réalisateur.


Une prestation autant sincère que sensationnelle livrée par Nick Holte permet au remake d’avoir sa propre interprétation tellement l’acteur nage dans son rôle. Ce qui est aussi le cas des autres figures du film qui mettent tous un par un leur main à la pâte.


Le film dispose autant de scènes comiques que de scènes belles et déchirantes. Entre rires et pleurs, entre joie et tristesse, Du miel plein la tête montre de façon rassurante la fatalité de la vie et emmène le spectateur dans le récit d’un malade accrochée à sa petite fille qui va l’accompagner dans les moments les plus durs de son traumatisme. Sans jamais nous lâcher, l’empathie et la sensibilité que l’on éprouve lors de la séance indique la justesse émise par tout le casting, du réalisateur au plus petit rôle du long métrage.


Être atteint d’Alzheimer est une triste destinée et accompagner cette maladie est également un combat – on pense aussi aux aides soignantes des maisons de retraite au-delà de la famille du patient. Réussir à tourner la chose à la fois de manière comique et tragique révèle de la plus grande sensibilité et de la plus grande magnanimité. Et si l’on peut penser qu’il a simplement recréer exactement les mêmes scènes qu’il avait tourné pour Honig im Kopf, chaque plan du remake ne manque pas d’être plus unique les uns que les autres, chacun gagnant en profondeur grâce à tous les ingrédients mis en place et choisis par le réalisateur qui aborde à la fois la question du pardon, de la famille et de la maladie.


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Burnham
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le 21 mars 2019

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