Dune est un film de science-fiction co-écrit et réalisé par Denis Villeneuve, sorti en 2021. De type space opera, il est le 3ème plus grand univers du genre au côté de Star Trek et Star Wars.


Avant toute chose, je tiens à préciser que je n’ai pas (encore) lu les livres de Frank Herbert, ni vu l’adaptation faite par David Lynch en 1984. Mon avis ne se portera que sur le film de Villeneuve, même si je compte parler du contexte des différentes adaptations.


Dune est avant tout une pierre angulaire de la science-fiction, réputé pour être tellement complexe qu’il en serait inadaptable sur grand (et petit) écran. En effet, le projet initial de Jodorowsky au milieu des années 70 n’a jamais vu le jour pour des raisons budgétaires : film d’une durée estimée à 10h, casting complexe (Orson Welles, Mick Jagger, Alain Delon, Salvador Dali, … etc) et en pourparlers avec Pink Floyd et Magma pour composer la bande originale. En outre, une décennie plus tard, l’adaptation de David Lynch voit le jour. Le résultat ? Une œuvre grossière et trop simpliste pour les fans du roman et un film incompréhensible pour les autres. Par conséquent, un film niche et culte pour certains.


Mais du coup, que vaut ce Dune version 2021 de Denis Villeneuve ?


D’un point de vue strictement cinématographique c’est une réussite totale. La mise en scène, l’esthétique et la photographie sont toutes les 3 irréprochables - avec un côté relativement épuré, mais parfaitement, minutieux et froid (l’architecture typiquement brutaliste). De plus, le cadrage, les rapports d’échelle, la colorimétrie et la gestion de l’éclairage – cette dernière étant entièrement en lumière naturelle pour les extérieurs - sont tout simplement somptueux. J’aimerais ajouter également que le film a été tourné à l’aide de caméras numériques, mais avec un ajout du grain en post-production. Cela donne une image hybride et beaucoup plus organique qui donne de la chaleur à l’image. Le résultat contraste bien avec l’aridité, l’hostilité et la majestuosité du désert d’Arrakis.


Villeneuve ne tombe pas non plus dans le piège de faire quelque chose de (trop) lisse (coucou Dunkerque). Par conséquent, on se retrouve avec un bel objet qui prend son temps, à la frontière de la contemplation, sans jamais l’être véritablement (contrairement à Blade Runner 2049).


Le plus gros challenge dans cette adaptation était d’ordre narratif pour le réalisateur : Villeneuve, fan du roman depuis son adolescence, a dû concilier une œuvre à la fois pour les aficionados d’Herbert, mais également pour les néophytes qui ne connaissent pas l’Univers de l’Epice. Je ne vais pas faire durer le suspense inutilement : il a réussi son paris haut-la-main.


En effet, Dune repose sur un univers complexe, à l'intrigue simple en apparence et pourtant relativement riche. On ressent pleinement sa densité quand on se retrouve devant ces 2h35 dans la salle obscure : on est pris à la fois dans des intrigues politiques complexes d'un univers immense, tout en n'oubliant jamais de réfléchir à l'impact de l'Homme et sa façon de vivre avec ou contre l'environnement qui l'entoure (un parallélisme avec la question de l’écologie aujourd’hui). Le film est très ancré dans le réel et donne au récit une pertinence hors-norme, ce qui décuple notre implication dans ce dernier. Malgré tout, le mysticisme est bel et bien présent, avec son lot de fascination (les Bene Gesserit). J’ai également beaucoup aimé la manière dont est traitée l’Epice – à la fois comme une ressource, mais également comme une substance que je qualifierais comme la Force dans Star Wars.


Concernant la bande originale écrite par Hans Zimmer, je dirais qu’elle fait office de design sonore pour le film, plutôt qu’une véritable partition. Il s’agit d’un mélange entre musique classique contemporaine, d’électro-ambiant et de musique tribale. Elle apporte de la profondeur, du tragique et de l’exotisme au film. On est beaucoup plus bercés par l’atmosphère qu’elle construit plutôt que par sa musicalité pure. J’ajoute également que le film ne possède aucun thème fort, serait-ce un défaut ou un parti pris réfléchi par le compositeur ?


Pour conclure, je dirais que Dune est le film qui m’a motivé à retourner en salle après plus de 2 ans de pause. Il est susceptible de faire l’objet d’un deuxième visionnage et d’une hausse de ma note. Il me pousse également à découvrir le reste de la filmographie du réalisateur québécois et l’œuvre d’Herbert.


Prenez soin de vous et regardez des films !

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le 21 sept. 2021

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MooИ

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