On a raconté des vertes et des pas mûrs sur ce film. Mais moi je l'aime bien.
Je n'ai jamais lu le roman éponyme (1965) de Frank Herbert mais je sais pas effort de recherche que c'est un moment de la littérature de science-fiction. De plus c'est un univers tellement riche qu'il n'est pas tâche facile de l'adapter pour le grand écran.
Après l'arlésienne que constitue le projet d'adaptation de Alejandro Jodorowsky (ayant fait l'objet d'un documentaire en 2013) c'est le producteur italien Dino de Laurentiis qui acquiert les droits du film en 1976. Herbert lui-même écrit un scénario de 175 pages (3h de film). Ridley Scott (sortant du succès de Alien) un temps attaché à la réalisation démissionne suite au décès de son frère pour réaliser Blade Runner. C'est la fille du producteur Raffaella de Laurentiis qui après avoir été séduite par Elephant Man choisi Lynch comme réalisateur. Selon le souhait du romancier un acteur inconnu du public a été choisi pour incarner le personnage principal du film, Kyle MacLachlan (acteur fétiche du cinéaste). La création ce film tourné au Mexique et aux USA ont été un cauchemar selon le cinéaste.
Le résultat depuis 40 ans a mainte fois été commenté. Voici ma critique générale du film en tant que spectateur "bon public".
Malgré les nombreuses coupes opérées sur le montage je trouve que l'histoire se tient bien (en omettant les nombreuses incohérences). Je me laisse facilement porter par l'histoire (sûrement à force de visionnage et d'une compréhension globale).
Là où je serais d'accord avec les critiques c'est à propos des effets visuels. Certains sont affreux comparés à ceux des films de SF que Dune espérait concurrencer tels que Star Wars : Le Retour du Jedi (dont Lucas avait par ailleurs proposé à Lynch la réalisation). Je trouve en revanche les effets pratiques sont correctes. Le bestiaire du film élaboré par Carlo Rambaldi est plutôt réussi (vers des sables et le navigateur de la Guilde spatiale). La direction artistique avec les décors et costumes fonctionnent également. J'aime beaucoup la bande originale composée par le groupe Toto (+Brian Eno) à la fois pop et orchestrale qui ancre le film dans son époque.
Je trouve que dans l'ensemble le casting fonctionne. Kyle MacLachlan dans son tout premier rôle à l'écran (Paul Atréides) livre une performance convaincante. Le reste de la distribution est rempli de têtes connues du cinéma de genre : Sean Young, Francesca Annis, Patrick Stewart, Sting, Virginia Madsen, Jürgen Prochnow, Everett McGill, Kenneth McMillan, Paul L. Smith, Brad Dourif, Dean Stockwell, Max von Sydow, Freddie Jones, Richard Jordan, José Ferrer (VF : René Bériard), Siân Phillips, Jack Nance (acteur de Eraserhead), ... Leurs interprétations, tantôt sobres ou surjouées, sont suffisamment crédibles pour faire tenir le film.
Malgré les contraintes (en particulier un remontage avec de nombreuses coupes pour obtenir un film de 2h20) que Lynch a eu dans son unique "blockbuster" (dans la forme), on y retrouve heureusement son style. Il est présent dans les images et visuels surréalistes. Certains designs recherchés (ceux des 4 univers/planètes : Atréides, Harkonen, Arrakis et de l'empereur) semblent aussi lynchéens. Là où c'est le plus flagrant c'est certainement le navigateur de la Guilde sorte de mélange entre un Elephant Man et un spermatozoïde de Eraserhead. Le baron Vladimir Harkonen et la planète de sa Maison (Gidei Prime) aux styles industriels, poisseux et suintants sont aussi certainement tout droit sortis de l'esprit du cinéaste. En plus Lynch a décidé dans son adaptation de rendre les Harkonen roux* pour qu'ils soient encore plus méchants. 😂 De plus il semble y avoir un travail de la musique et du son, démarche chère au réalisteur.
Dune est peut-être une adaptation inégale, maladroite et imparfaite. Pour autant je trouve que c'est un film qui se laisse regarder indépendamment de tous les défauts (certes criards) qu'on peut lui trouver. On peut même s'estimer heureux que dans son état le film ait pu conserver une partie de la pâte de son réalisateur qui a fait preuve initiative dans cette adaptation.
NB : Sachez que le roussisme ne vient pas de la haine des fans de Harry Potter contre les Weasley. On "trouve la trace de ce préjugé dès l’Égypte pharaonique, où le dieu Seth, associé au Mal, passait pour être roux et pour recevoir en sacrifice des jeunes gens aux cheveux de la même couleur". Après de nombreuses figures mythologique ou historiques malfaisantes ont colporté cette attribution subissant ainsi cette discrimination.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/histoire-des-prejuges/prejuge-les-roux-sont-faux-et-en-plus-ils-sentent-mauvais-4957616