(...) Grâce au sens de la composition de Villeneuve et au travail du directeur de la photographie Greig Fraser, Dune est visuellement grandiose. C’est également une fable très politique, dotée de personnages ambigus, au premier rang desquels le héros Paul Atréides (Timothée Chalamet) dont le cheminement échappe à toute classification binaire (on est loin du « côté obscur de la force » de Star Wars). Foncièrement pessimiste, Villeneuve écorne le mythe du « sauveur » et le recours à l’homme-providentiel. S’achevant sur une trahison intime déchirante, le film laisse d’ailleurs un goût amer. Contrairement à Lynch, qui occultait cette dimension pourtant essentielle, Villeneuve s’approprie aussi la critique herbertienne de la théocratie. Plus que la religion en tant que telle, Herbert condamnait le lien entre le politique et le religieux, qui favorise les systèmes d’oppression. (...)