À quoi bon chercher à comparer la source initiale à toutes les oeuvres qui s’en sont inspirées ? Encore aurait on pu si ce n’était pas Dune qu’on avait vécu au cinéma, mais force est de constater que le film est toujours cette même oeuvre géniale d’Herbert.
Imprégner les sens pour s’effacer devant l’imaginaire et la puissance d’un chef d’oeuvre, c’est ce que Villeneuve parvient à faire superbement et il réinvente par là même tout l’art de faire un blockbuster.
Je pense n’avoir jamais vu de film aussi sensationnel, au sens propre. Beauté pour l’oeil bien sûr, avec en particulier les jeux de couleurs auxquels Villeneuve nous a désormais habitué, pour le toucher tellement on a envie de prendre ces poignées de sables arrakéen à pleine main et bien sûr pour les oreilles. Ce que je trouve fabuleux, c’est que plus rien n’est simple bruit, que tout devient musique et ce sans même perdre une once de naturel.
Passées ces premières perceptions quasi physiologiques qui vont en s’intensifiant tout au long du film, que dire du scénario hormis que Villeneuve et son équipe ont relevé l’immense tâche de retranscrire le chef d’oeuvre d’Herbert avec brio. Je préfère ne pas m’étendre sur le contenu génial de l’oeuvre ( qui n’est pas vraiment le travail de Villeneuve et de ses scénaristes ) mais sur ce qu’il a apporté ou plutôt, au contraire, ce qu’il a laissé intact … et c’était là difficulté quand on adapte Dune. Ses choix dans le traitement de l’oeuvre ( l’absence de la guilde spatiale par exemple) m’en ont presque fait oublier certains détails du roman. Le génie de Villeneuve est peut-être dans son « absence »… malgré un début de film peut être plus poussif, la puissance de l’oeuvre, elle même, et non Villeneuve ou ses acteurs finit par nous « exploser à la gueule » ( car oui c’est proprement ce qu’il se passe à mon sens ). Ce n’est pas un deuxième Dune mais bien toujours cette même oeuvre intemporelle que je suis allé vivre au cinéma …
C’est de la force pure presque mystique de ces quelques oeuvres intemporelles dont semble empreinte toute l’équipe de Dune et bien sûr ses visages à l’écran. Car le film est aussi la consécration d’une nouvelle génération hollywoodienne, ma génération, une génération qui, peut-être plus que jamais, aura besoin de cinéma, de ce Cinéma.
Maintenant et toujours, c’est ça la force des chefs d’oeuvres, c’est ça la force de Dune
« La vision du temps est vaste, mais lorsque vous le traversez, le temps devient une porte étroite. » Dune, Tome 1, F. Herbert