Bon.


Le premier Dune ( de Villeneuve ) j'avais mis 9/10. Si je le regardais sérieusement une seconde fois ( donc pas en vrac sur le canap' à faire deux pauses pipi ) je pense que la note baisserait. Ici en tout cas je rabote en divisant par deux.


En fait c'est pas terrible. Je ne sais pas si j'ai "mûri" dans ma perception du cinéma depuis ou si j'étais un peu trop emballé pour la partie 1 pour voir tous les défauts que je vois maintenant.

Déjà on est dans un désert FROID. L'ami Villeneuve a tenté de mettre un gros filtre ocre sur le début pour renforcer le chaud, mais en fait ça n'a fait que renforcer l'obscurité en mettant en scène la nuit qui tombe. Le désert n'est jamais chaud. Jamais de grosses gouttes de sueur sur les visages, jamais de réfraction de chaleur dans le lointain, jamais de souffle des fremens qui ne sont pas tant habillés que ça. Ça paraît paradoxal hein, mais si les touaregs s'emmerdent avec 40 mètres de chèche superposés en 75 couches, c'est pour créer de l'isolation thermique. Et avoir une tenue d'homme-grenouille ça ne suffit pas sur une planète considérée comme invivable. FAIS-MOI SENTIR LA CHALEUR Denis ! Bon sang.


Ensuite, Paul. Pardon mais Paul en messie je n'y crois pas. J'ai senti dans les dialogues ( bordel, dans les dialogues... quand allez-vous raconter une histoire par l'image et laissez tomber les dialogues ? ) que Villeneuve voulait nous questionner sur la fameuse prophétie de Paul. Sur comment un mythe religieux se construit : sur des mensonges et des croyants. Jessica montrée comme une intrigante qui fout la trouille aux plus faibles pour remonter la chaîne alimentaire. Que tout ça, finalement, c'est de la politique pour les faibles d'esprit. En vrai pourquoi pas : la religion comme outil de domination sur des peuples fanatisés et pétris d'espoir face à une situation matérielle d'existence difficile... c'est un peu bateau, mais c'est un vrai message politique. A une chose près : Paul EST un "messie". Enfantée par une Bene Gesserit, maîtrisant un pouvoir craint dans la galaxie, pouvoir renforcé par la prise de sang de Ver en bonne rasade en plus d'être exposé continuellement à une drogue qui éveille les sens... Paul a la stature d'un messie, sans besoin de prophétie. Critiquer les dérives sectaires ( les religions sont des sectes qui ont marché, ne l'oublions pas ) oui, mais là le gourou a de quoi prouver qu'il communique avec les étoiles. Et on ne montre JAMAIS Paul comme ce qu'il est : un messie. Donc un guide. Même sa scène où, au centre de la foule fremen réunie en conseil pour prouver sa divinité, même là alors qu'il surplombe littéralement la foule... il n'est jamais VRAIMENT filmé d'en haut. Toujours filmé au ras des yeux, le faisant même s'agenouiller pour le mettre au niveau d'un homme prêt à défier son blasphème. NON. Montre Paul comme une divinité, grossi-le à la caméra, met-le en contre-plongée vertigineuse, fais-moi sortir un Dieu, un mec qui impose. Fais-le taire : la caméra le rendra puissant toute seule.


Mais ni réal ni dirpho n'ont montré de Dieu. Et à plusieurs reprises ils ont montré qu'ils ne savaient pas gérer l'attente. Un plan a bien commencé et mal fini. Paul s'en va terminer son entraînement de fremen et doit chevaucher un Ver pour la première fois. On le voit attendre sur le haut d'une dune. Le ver arrive tout lentement, Paul perché au-dessus, stressé par la taille. Il sort ses deux grappins... et COUPURE, gros plan sur les grappins, re-coupure sur ses yeux, retour sur lui en haut de la dune sous un autre plan. BORDEL, ça coûtait quoi de montrer un Paul en stress sur un plan fixe, même avec ce léger travelling latéral ? On avait le temps de voir toute l'émotion l'envahir sans être gourmand et sans même le montrer. De dos, on aurait compris : excitation, peur, courage... mais non, faut faire un plan de coupe sur les grappins. Ils apportent quoi à l'image les grappins ? Fallait tant les montrer comme ça ?


On note un effort sur les combats. Dans le premier j'ai déjà souvenir de combats chiants comme pas permis. On a gagné en dynamisme, heureusement. Mais ça ne gomme pas les autres défauts, ce que je reproche toujours aux films ""d'action"" modernes : un trop-plein de chorégraphies. Un combat c'est bestial, c'est à mort, le style passe après, BIEN après l'envie sèche de tuer son adversaire. Un combat ça se vit aussi en trois dimensions : deux guerriers qui se tapent dessus ça soulève de la poussière ( surtout sur Dune quoi ! ), ça pète des murs, ça se balance des échelles, des tabourets et des braseros dans la gueule. En bref, ça utilise le décors pour "spatialiser" l'action. Et comme d'habitude, on n'a que des combats montés comme des danses, et en deux dimensions, parce qu'encore une fois, on tourne des scènes de combat sur fond vert. Qui, qui approuve ça ? Qui n'a pas eu l'idée en 15 ans de cinéma d'action moderne de, je sais pas... regarder un peu comment ils font en Asie ?


Bon allez, autre point positif : Villeneuve a su éliminer des parties trop superficielles, comme son entraînement au sein des fremens en le gardant à son minimum. J'avoue que si j'avais du me taper une heure de plus pour voir sa survie initiale dans le désert au lieu de le faire là en une grosse vingtaine de minutes, j'aurais fait des roulades dans le cinéma pour passer le temps.


Bon en tout cas, je pense que la partie 3, si je dois la regarder, ça sera dans mon canapé.

Grammar-Stalin
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le 22 mars 2024

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Grammar Stalin

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