L'empereur n'a pas d'abris

Paul Atréides se rallie à Chani et aux Fremen tout en préparant sa revanche contre ceux qui ont détruit sa famille. Alors qu'il doit faire un choix entre l'amour de sa vie et le destin de la galaxie, il devra néanmoins tout faire pour empêcher un terrible futur que lui seul peut prédire.

Rien de nouveau sous le soleil d'Arrakis! On reprend la recette du premier et on fait pareil.

Alors, les qualités:

1)Oui, c'est beau. Oui, c'est épuré. Oui, c'est soigné et propre.

2) Oui, le travail sur le sound design et la B.O. fait son petit effet. Oui, une sorte de frisson m'a traversé l'échine grâce aux sonorités tribales.

3) Oui, les acteurs sont très bons.

4) Oui, le film sait quand sortir des chemins balisés en présentant quelques moments insolites et purement dispensables en terme d'histoire-mais parfaits pour développer son ambiance et le lore de son univers.

5) Oui, l'impression de gigantisme est saisissante.

Les points négatifs maintenant:

1) Mais Villeneuve souffre du même mal qui semble frapper tous les réalisateurs contemporains: il ne sait pas conclure ses histoires. J'ai l'impression de me répéter de critique en critique mais conclure, c'est tout un art (sans mauvais jeu de mots).

2) Mais ses personnages n'ont jamais l'occasion de sortir de leur fonction respective au récit. Même les moments censés les humaniser sont incroyablement rushés: La relation Paul/ Shani, est-ce que c'est possible de faire encore moins niveau développement? Et la rébellion fomentée contre l'Empereur? Et Paul atteignant la conscience supérieur? Et les manipulations Arkonnen?

3) Mais ce filtre N&B, durant la scène de l'arène: c'est moche, criard et ringard.

4) Mais ces scènes d'actions illisibles, frénétiques et horriblement fake par moment.

5)Mais le principal problème du film, finalement à l'image de notre époque, demeure cette incapacité à croire en une Beauté de l'Espoir. Espoir qui transcenderait la réalité triste au point de faire basculer la foi en une légende vers une dévotion aveugle, confinant au fanatisme. En effet, est-ce la crainte d'assimilation à de vrais phénomènes d'endoctrinement face à un monde de plus en plus aliénant qui pousse Villeneuve à constamment se tenir à distance du noyau de son film, à savoir: la transcendance et l'exploration des sens? Aucune idée. Toujours est-il que ce rejet de la piété en devient presque parodique, telle une œuvre faussement nihiliste s'adressant aux punks, aux bobos, aux universitaires et aux ados mal dans leur peau.

Et surtout ras le bol, comme à chaque film de Villeneuve, de cette espèce de désengagement vis-à-vis de la résolution des problématiques qu'il prétendait explorer. Au final, une fois de plus, c'est un récit "ouvert à l'interprétation". (Qu'on peut traduire par: pas assez téméraire pour oser répondre aux questions qu'il a lui-même posé).

Bref, pas le chef-d'œuvre espéré mais ça se regarde, surtout si on est déjà fan de l'Univers... On aurait juste souhaité un peu plus, mais c'est finalement conforme au cinéma de Villeneuve. (excepté Premier contact, et encore).