Tic Tac

Nolan, génie pour les uns escroc pour les autres, est de retour 3 ans après la claque que fut Interstellar en revenant sur un des moments décisif de la Seconde Guerre Mondiale, l'évacuation des troupes britanniques de Dunkerque.

J'adore le travail de Nolan après Quentin Tarantino c'est mon réalisateur préféré mais je ne suis pas du genre à crier au génie pour rien. Dunkerque n'est pas la nouvelle claque que j'espérais cependant il n'en est pas pour autant une déception.

Ce qu'il faut savoir avant de se rendre en salle voir cet énième film sur cette période c'est que ce n'est pas un film de guerre à proprement parler. En effet Nolan se démarque de ce qui a déjà été fait en choisissant de ne montrer aucun affrontement direct entre soldats Alliés et Nazi. A titre personnel je trouve ça plus intéressant la façon dont Nolan a choisi de rendre son film, caser des affrontements entre soldats aurait été malvenu vu le mal que semble s'être donné le réalisateur pour créer une tension.

Et c'est là tout le génie de Nolan, créer un film aussi intense sur toute sa durée n'est pas chose aisée. Pourtant il y arrive d'une main de maître en découpant son récit sur 3 temporalités différente, qui grâce à un montage ne nous perd jamais. Dunkerque possède un rythme incroyable car en plus d'être tendue, jamais on ne ressent un moment d'apaisement et il y a au final assez peu de dialogues : tout se transmet par les émotions. Il ne faudra ainsi pas chercher dans Dunkerque un scénario ultra élaboré ou des personnages complexes, le but ici étant de montrer le retour à la patrie de jeunes soldats qui pourraient être n'importe lequel d'entre nous.

En revanche il est difficile de ne pas reconnaître Nolan dans tout l'aspect technique du film. Comme à son habitude, grâce à une magnifique photographie et de super décors il filme l'action de manière le plus réaliste possible, évitant les trucages. Tout ceci est renforcé par la très bonne bande son de Hans Zimmer qui joue beaucoup sur l'intensité du film. L'ambiance sonore est sans aucun doute une des plus grosses réussite de ce film; c'est incroyable et le réalisme est tellement poussé qu'on jurait y être. Inutile de s'attarder sur les acteurs : pour faire court ils sont tous convaincant, des plus expérimentés aux plus jeunes.

Cependant deux points m'ont quand même dérangés.
Le premier c'est la classification du film, PG13, qui empêche de montrer l'horreur de la guerre : pas une goutte de sang. Alors certes on voit bien que la guerre est horrible et que nombreux perdent la vie mais c'est un peu trop aseptisé à mon goût.
La deuxième c'est qu'on ne s'attarde pas assez sur le sacrifice des troupes françaises. Non les français ne sont pas des lâches, les mentionner à seulement deux reprises de manières très brèves est tout de même un problème.

Nolan ne me déçoit toujours pas, il m'a donné ce que je voulais voir et j'en suis ravi. Au final le principal défaut de Dunkerque est que Nolan n'ait pas réussi à rendre son film aussi puissant que The Dark Knight et Interstellar. Mais il marque par certains aspects et il est difficile de rester insensible à ce que l'on voit même s'il n'y a aucun attachement profond envers les personnages.

Une réussite de plus pour le réalisateur qui décidément s'impose comme un des meilleurs de ce début de siècle. L'immersion est totale, l'implication est réelle, l'émotion est forte. C'est une étrange chose que de dire ça mais, j'ai déjà hâte de retourner sur la plage de Dunkerque.