Dunkerque par r-miller

Je suis un grand fan de Chris Nolan (qui est un des réal. vivants préférés avec Spielberg et Park Chan Wook). Le jour où j'ai vu The Dark Knight en salles m'a changé ma jeune vie de cinéphilie, ainsi que la découverte de The Prestige, Memento, Insomnia, Inception (où j'ai vu avec quelques gens du forum :D). TDKR était le film que j'ai le plus vu au cinéma (c'était avant Mademoiselle bien sur) et même s'il y a énormément de défauts (qu'on voit de plus en plus au fil des revisionnages) sur ce film ou la trilogie, je trouve que c'est le trilogie les plus touchants,prenants et passionnants sur le super-héros avec les Spiderman de Raimi. J'étais déçu par Interstellar , surtout de sa dernière partie avec la révélation qui m'est totalement insensible, qui m'a pas convaincu et qui m'a complètement fait sortir du film, même s'il y a des moments inoubliables et touchants et j’étais quand même assez touché par la fin. Ce film m'a un peu décroché de Nolan jusqu’à présent.

S'il y a une chose qu'on ne peut pas dire(enfin en partie)a Nolan, c'est qu'il se renouvelle pas et reste sur son zone de confort. On l'a reproché (à tort à mon avis) d’être un cinéaste froid et le mec fait Interstellar avec des passages les plus émouvantes de son cinéma qu'on n'a pas vu aussi émotif avant. On le reproche de rester sur le genre fantastique (superheros, SF, fantasy) et hop, le mec s'attaque à WWII, sur l'épisode assez méconnu du public qu'est l'Opération Dynamo (même s'il y avait déjà les films sur ce sujet comme Weekend à zuydcoote de Verneuil avec bébél)

J'en suis ressorti ébloui, soufflé (j'ai l'impression d'avoir fait l'apnée et couru 4x 500). Ce n'est pas un film de guerre mais un putain de survival éprouvant, nerveux, tendu, absolument spectaculaire et sensoriel dans tous les sens mais néanmoins assez déconcertant par certains aspects avec des forces et faiblesse dans la narration (comme d'hab chez Nolan)

Le film traite l’évacuation des soldats britanniques coincé au Dunkerque sur 3 milieus avec une notion de temps différents(tiens tiens ..) les fantassins sur les plages/jetée sur une semaine , un groupe de civils volontaires allant secourir des soldats sur le bateau sur un jour, et un groupe de pilotes de RAF en mission sur une heure et ces personnages se croiseront dans les événements au cours du récit.
Comme chez Nolan, il y a la notion du temps qui se déroule différemment chez les protagonistes via un montage alterné et non chronologique qui va se resserrer au fil du récit, ce qui est parmi des choses les plus déconcertants et déroutants du film.
Le traitement des personnages est aussi minimaliste que déconcertant. Il n'y a pas de présentation sur les personnages sur la vie d'avant, pensées, etc. et ils se définissent tous par leurs faits et gestes au coeur de l'action. Il y a vraiment peu de dialogues sur ce film, dont 0 sur approfondissement des personnages donc on ne peut pas tellement identifier/attacher aux personnages même s'il y a Mark Rylance en héros ordinaire ou Tom Hardy en pilote de RAF (putain mais quel acteur! il a beau être quasi muet et visage caché pendant 90% du film par des lunettes et masque d'aviateur, ce type pue du charisme. Ses yeux retranscrivent tous, ainsi que ses actions) te font vibrer au fil du récit par leurs actes et gestes.

Nolan concentre tout son recit sur les forces britanniques (civil et militaires). Les mots "nazi", "allemand" n'apparaissent jamais dans le film. Il n'y a que le mot "ennemi" ( dès les titres d'introduction) utilisé pendant tout le film . On ne verra pas les soldats allemands mais que les balles et les avions de Luftwaffe. Cette abstraction peut déranger certains mais perso ça ne fait que renforcer son effet claustro étouffant car ce qu'on perd (mais bon "perdre" ... pas vraiment je trouve) en personnages et l'histoire "classique" de film de guerre, ce qu'on gagne en immersion.

Ce film est au film de guerre ce que Gravity est au film d'exploration spatiale. Un putain de survival avec l'effet d'une bombe a retardement. L'immersion est totale: dès les premiers minutes, les persos ne font canarder par les balles ennemies invisibles et cette tension ne lâche pas pendant 1h 20. Le spectateur est transporté au coté des personnages et on vit les émotions qu'ils ressent. La tension est permanent avec l'ennemi invisible qui surgit à tout moment et l'effet claustro est là, que ce soit dans ses immenses paysages infinis (plage/mer/ciel) ou les endroits suffoquant (cockpit du Spitfire, cabine d'un Destroyer). La tension est palpable, presque insoutenable par moment.

Dernièrement, cette immersion totale, oppressant et éblouissant est impossible sans la mise en scène de Nolan forçant d'admiration et respect par son maîtrise et sa virtuosité. Meme si sa narration peut souffrir par les différents timeline parfois confus et des personnages non développé et non identifiables, il n'est point le cas concernant sa mise en scène.
Il est maître de son image et sa mise en scène (il est loin l’époque de combats illisibles de Batman Begins), avec des moments grandioses et impressionnants sur la jétee, l'horreur sur la plage de St Malo, L'enfer des soldats piégés dans les destoyers coulés, la bravoure des little ship venant secourir des soldats et surtout les combats aériens et les dogfights les plus impressionnants depuis pfiou ... 50 ans (les derniers datant de Bataille D'Angleterre ou la Crépuscule des Aigles et en excluant des oeuvres SF comme Star Wars/BSG) et inoubliable par leurs aspects épique et immersif. On ne peut qu'admirer le travail du chef op Hoyte van Hoytema qui fait auparavant Interstellar, La Taupe, Her, Spectre, Fighter (Ça craint pour toi Wally Pfister. T'aurais pas du laisser Nolan pour faire ton Transcendence. :D) .

Bref, un grand film je ne sais pas. Son meilleur film, je pense pas (même si ça l'est pour sa mise en scène) car perso ça reste The Prestige. Il y a encore ses tics de narration (timeline différents sur les récits, solennité générale, discours parfois pompier etc.) malgré sa volonté de se renouveler et s'attaquer au genre différents . Une expérience à vivre au cinéma, certainement oui.