Le miracle qui n'en était pas un

Il est de ces films dont on n'arrive pas à se faire un avis général. Savoir si on l'a aimé ou non reste une question sans réponse claire. Dunkerque est clairement ce genre de film pour moi. Techniquement au top, dans son fond à la traîne, c'est tous ces problèmes que j'ai avec le dernier de Christopher Nolan. Pour information, je n'ai pas vu beaucoup de films de ce brave monsieur (que les plus récents) mais une chose est sûre : si j'ai du mal à m'imprégner de son univers, ça n'en reste pas moins des films sincères, personnels, et qui tentent d'innover, sinon d'apporter une vision particulière à une situation générale. Autant dire que la note ici n'a quasiment aucun sens, qu'elle sert juste de note pour la moyenne, et pour les gens qui se demandent pourquoi j'ai mis 5 et pas 6, et bah je leur répondrai que je lui ai mis une note négative juste pour qu'on la voit plus facilement !

Au cas où vous l'ignoriez encore, Dunkerque retrace les événements de l'opération Dynamo, qui consiste à l'évacuation des soldats anglais (et un peu français) des plages de Dunkerque direction l'Angleterre, alors encerclés par l'ennemi allemand. Le résultat se fait nommer miracle en raison du nombre impensable d'hommes sauvés (300 000).

Et dans les faits, il donne quoi ce Duinkerke ?

Commençons par le plus remarquable, et de ce qui en fait son point fort : la photographie. Splendide, elle accentue la beauté du paysage côtier et l'aspect dramatique de la guerre avec les nombreux destroyers et autres engins de guerre. Photographie qui sert à apporter du réalisme aux divers événements et faits historiques. J'attendais beaucoup de la véracité historique. À priori, ça à l'air d'être plutôt correct, même si on échappe pas à quelques gourdes comme des lotissements visibles en arrière-plan dans la scène du caca, ainsi que des hôtels touristiques semblant venir des années 1970 (et sûrement quelques erreurs au niveau des armes ou véhicules, mais pour moi ça revient à du détail). Aussi les multiples personnages, qui bien ayant des rôles définis, ont du mal à avoir une personnalité plus ou moins importante, dû en grande partie à l'absence des noms des personnages. Pour preuve, je ne me souvient pas avoir vu Harry Styles. Et c'est un bon point. Car l'homme, dans l'enfer de la guerre se retrouve à sa forme d'être humain primaire, confronté aux dangers et ne cherchant que la survie. Et le spectateur se retrouve coincé avec les soldats, lui même craint le moment où une nouvelle bombe arrive, et devant assister à ce massacre, il doit voir l'histoire de répéter de manière renouvelée (on doit assister à 3 ou 4 coulages de bateaux), le tout mêlé à une distorsion et fracture du temps puisque plusieurs péripéties n'ayant pas de points communs sont mêlés pour renforcer l'impression de panique. Ainsi, on assiste à un torpillage en pleine nuit, entrecoupé par d'autres événements en plein jour (je n'arrive plus à me rappeler desquels). D'autant plus que l'évacuation se mêle à une sorte de contre-la-montre, la notion du temps se perd pour se fondre dans un chaos le plus total.

Mais malgré tous ces points positifs, je garde une impression amère de ce Dunkerque. Et ce en partie à cause de Hans Zimmer et de sa partition. En effet, la musique de Florian est quasi continue durant ces 1h45, Et quand on a tout ce temps à remplir, il faut savoir alterner les différentes recettes. Ce qui n'est pas le cas. Hans utilise la même technique durant tout le film, à savoir un petit bruit qui devient de plus en plus aigu et est de plus en plus fréquent. Vous savez, ce genre de bruit qu'on entend dans toutes les bandes annonces à suspense ? C'est la chose que fait Zimmer. Alors au début, c'est efficace, mais ça devient rapidement chiant, et surtout prévisible (on sait exactement quand telle bombe va venir).

Il faut aussi remettre en cause le fait que l'Histoire semble raconter que le plus gros de l'évacuation s'est fait grâce aux petits bateaux. En réalité c'est faux. Si ils étaient biens là, la quantité d'hommes transportés étaient dérisoires. C'est comme dire si les taxis de la Marne avaient ramené la totalité des troupes sur le front.

Autre énorme problème : l'absence de français. Car Nolan semble avoir oublié (et moi aussi sur le coup) que l'action se passe sur sol français. Et que les français étaient présents. Alors certes, on peut les apercevoir, lorsque ces bouffeurs de grenouilles se mettent à attaquer un anglais... ces cons. Ça donne une belle image (je dis pas ça par patriotisme). Et on en reparle plus, alors qu'ils ont quand même bien participé à repousser les allemands, et il ne faut pas mettre de côté qu'ils ont été aussi évacué eux aussi ! Car le film se termine lorsque tous les anglais sont partis. Ce qui amène à un patriotisme assez dégueulasse. Déjà qualifier l'allemand "ennemi" tout simplement, c'est pas valorisant pour les schleus. Ensuite, on échappe à quelques passages kitsch comme nommer l'Angleterre "la patrie". Et surtout, c'est faire croire que cette évacuation était une victoire ! Même si le nombre de sauvés est supérieur à ce qui était espéré (300 000 pour 30 000) on oublie qu'il reste 35 000 français, devenus prisonniers. Qu'on ne mentionnera jamais. Mais ça convient bien à ce qu'on disait, les français on s'en fout un peu.

En conclusion, Dunkerque est un film grandiose d'un côté, exécrable de l'autre. Dans sa forme il est parfait, dans son fond il est douteux. Ainsi entre (très) bonnes choses, idées osées, risques qui foirent et erreurs d'amateur qui se remarquent, il n'est pas simple d'avoir un avis clair. Et je pense sincèrement que même si je n'ai pas mis la moyenne, ce film est le meilleur de Nolan.

C'est dommage de voir ce qui était à deux doigts du chef d'oeuvre se casser la gueule pour des détails