Dunkerque est un film minimaliste, peu réaliste, avec peu de dialogues et qui ne répond à aucune interrogation historique.
Nous n'aurons pas un mot sur le choix tactique d'Hitler ou de Von Rundstedt de ne pas attaquer les Anglais pendant l'évacuation des troupes. Le but d'Hitler aurait été de conclure la paix avec l'Angleterre pour concentrer toutes ses forces sur le front russe. Celui de Von Rundstedt était d'éviter de se faire prendre en tenaille. On ne sait toujours pas qui des deux a donné l'ordre de stopper l'offensive allemande alors que si celle-ci s'était poursuivie elle aurait pu provoquer une hécatombe, même s'il y a eu des milliers de morts. En tout cas on ne saura rien de plus sur cette opération Dynamo, que certains Anglais (comme Nolan) considèrent cependant comme une victoire anglaise.
On voit au début des Allemands tirer à la mitrailleuse sur un soldat anglais qui court et qui court tout droit. Rien que de très normal jusque là puisque c'est le chanteur des One Direction qui court. L'Anglais se met alors à escalader un portail. Les Allemands s'arrêtent de tirer précisément à ce moment-là. Pourquoi ? Le portail est-t-il une porte vers un autre monde comme dans Interstellar ? Non, renseignement pris, en fait c'était simplement les collègues du bureau de l'Inception qui ont fait une nouvelle blague à Christopher Nolan.
En guise de film de guerre on voit deux Anglais inquiets qui vont tenter de prendre un bâteau. Deux autres Anglais décident de partir d'Angleterre à bord de leur petit bateau de pêche et d'aller à Dunkerque pour aider les soldats de leur pays à rembarquer. Et il y a aussi deux pilotes de Spitfire de la RAF qui se font attaquer par un Messerschmitt. Pardon pour tous les spoils mais toute l'action se borne à ça. Et la musique pompeuse de l'inévitable Hans Zimmer n'aide pas cette fois-ci à faire passer la sauce.
Dans les cas où il n'y a pas beaucoup d'action on a coutume de se reporter sur le décor. Le film nous montre que Dunkerque a une belle plage. Pardon pour les gens du coin, mais moi je ne connaissais pas du tout. Même pendant la guerre, tout est nickel. Les gens du Nord sont des bosseurs et sont propres, c'est connu, pas comme nous dans le Sud : à peine la plage était-elle bombardée qu'ils devaient la nettoyer de suite, envoyer des dizaines de camions benne et tout balayer, puisque rien ne traîne et qu'il n'y a pas le moindre papier par terre.
Dunkerque n'a donc aucun intérêt historique pour le spectateur qui connaît déjà les péripéties et la fin de l'histoire. Il n'a pas d'intérêt pour l'amateur de films de guerre vu que ça ne canarde pas vraiment. Il n'a pas d'intérêt non plus quant à l'aventure des quatre Rosbeefs dont on se contrefiche. Il n'y a pas pas un mot sur les Belges ou les Français (sauf pour nous montrer un lâche français qui a piqué un uniforme anglais pour s'enfuir), ces Français qui ont pourtant protégé la retraite anglaise au péril de leur vie, (il y a eu 40000 victimes !) ... et on ne voit pas les Allemands non plus. On a toutes les apparences d'un exercice de style d'un metteur en scène anglais qui ne s'appelle vraiment pas Kubrick quand il s'agit de tourner des films de guerre. Et comme Nolan a été plutôt bien payé pour faire ça (20 millions de dollars), il n'y avait plus assez de ronds pour faire un film d'action intéressant.
Je me suis même demandé, quand j'ai vu les immeubles des années 60 dans les plans de survol de la ville si tout ça n'était pas un rêve, qui nous préparait un twist final lorgnant vers le fantastique. Mais non apparemment l'anachronisme n'était pas voulu. Christopher Nolan tourne en argentique et ne peut pas faire d'effets numériques, c'est simplement ça !
Nolan nous avait habitués à beaucoup mieux : Interstellar, Inception, les trois Batman et semble là à court d'inspiration. Sur le même sujet Week-end à Zuydcoote d’Henri Verneuil est bien meilleur sans forcer.
En conclusion, comme disait le regretté Elia Kazan, pendant que tout le monde embarquait, cette histoire-là nous a laissés tristement sur les quais.