Même ceux qui ont vu (et apprécié en partie) les deux premiers longs-métrages de Lucile Hadzihalilovic, Innocence et Évolution, ne sont pas à l'abri de trouver Earwig, son premier film en anglais, d'une austérité qui n'a d'égal que son puissant hermétisme Côté atmosphère, quelques minutes suffisent pour s'imprégner de sa lourdeur, dans cet appartement obscur où un homme veille sur une fillette dont les dents de glace (sic) doivent être changées chaque jour. La première parole est prononcée au bout d'une trentaine de minutes et ce ne sont donc pas les dialogues, rares, qui donneront une idée de ce que veut nous raconter la réalisatrice, si ce n'est qu'il s'agit d'un rêve, ou plutôt d'un cauchemar, ce qui est bien pratique, soit dit en passant, pour que la confusion règne, jusqu'à y mêler une autre histoire, pas très claire, non plus. Ce n'est pas un film d'horreur ni de science-fiction, mais Earwig en épouse parfois les aspects, avec des temporalités floues et diverses, avec cependant une esthétique générale et quelques répliques qui laissent penser que les intrigues se passent avant ou après la seconde guerre mondiale, quelque part en Europe. Pour le reste, le spectateur de cet objet non identifié a toute latitude pour que son esprit vagabonde et tente de construire sa propre interprétation. Le mieux est de de faire appel à ses capacités sensorielles et de ne pas chercher obstinément à comprendre. C'est hélas plus difficile à dire qu'à faire, n'est-ce pas ?

Cinephile-doux
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le 8 août 2022

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