Besoin d'une petite bouffée d'air, véhiculée par des mélodies sixties entraînantes et des acteurs on ne peut plus charismatiques. Optez pour un petit tour à moto avec le puissant easy rider, talentueux premier film d'un Dennis Hopper que l'on devine envieux de s'affranchir des schémas classiques typiques du cinéma des années 60 en proposant quelque chose de plus spontané, aussi bien dans sa forme que dans son propos. Mettant au passage un grand coup de botte à la bonne morale américaine, l'acteur réalisateur y va franchement et nous laisse sur la carreau après un final éclair très noir, aussi efficace qu'inattendu.

Bien entendu, Easy Rider, c'est avant tout un véritable ode à la liberté. Incarnée par deux personnages jugés marginaux par leurs pairs, bien décidés à ne pas se laisser happer par un système qui ne véhicule pas des valeurs qui sont les leurs. Ils décident toutefois de pactiser avec l'ennemi le temps d'une "mission" pour pouvoir profiter totalement de leur vie ensuite. Peter Fonda et Dennis Hopper s'investissent à 300% dans leurs rôles et nous offrent des séquences qui restent en mémoire. Que ce soit lors d'un trip sous acide bien allumé ou à l'occasion d'un feu de camp qu'ils partagent avec l'excellent Nicholson, on se laisse charmer par ces expériences qui nous semblent réalistes (le gros trip sous weed autour du feu est génial). C'est en effet fait avec suffisamment de simplicité, sans esbroufe, pour que l'on y croit. Cette amitié naissante qui se crée entre le duo et cet avocat étouffé par ses parents qu'il rencontre en taule touche par son côté authentique.

C'est à mon sens ce qui fait la beauté d'easy rider, cette volonté de rester simple. Rien n'est fait pour choquer, tout est accompagné du tempérament rassurant d'un Peter Fonda diablement magnétique. Et si l'on devine rapidement que l'homme en a gros sur la patate, son attitude est mue par une volonté de partage et de tolérance qui fait qu'on s'attache à lui dès le début du film. Et bien évidemment, Hopper joue la dessus pour appuyer ce choc des mentalités qu'il met en image dans Easy Rider. Billy et Captain America (des noms de scène qui apportent encore plus un côté quelconque aux deux personnages) vont en effet se heurter à la violence qui peut s'inviter au débat lorsque cette image de liberté qu'il véhicule vient troubler la vie organisée des communautés qu'ils traversent.

On pourra émettre d'ailleurs peut être quelques réserves au niveau de ce parti pris, en se disant qu'il n'y a finalement pas suffisamment de nuance dans le camp adverse. Mais je pense qu'à cette époque, les réactions conservatrices pouvaient effectivement être aussi violentes. Et finalement, ce n'est pas le plus important. Pour moi, Easy Rider est bien plus un appel à la tolérance, qu'un appel à la révolte. Jamais les deux motards n'imposent leur vision du monde aux personnes qu'ils rencontrent, ils se content de vivre comme ils le souhaitent en acceptant les autres comme ils sont. Et ce, jusqu'au bout, rongés d'ailleurs par ce voyage qui doit leur apporter la liberté mais leur coûte petit à petit leur intégrité. Quand à leur arrivée au bout du chemin, elle me restera sans aucun doute en tête très longtemps.
oso
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le 14 févr. 2014

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