Ah, Ed Wood. Un nom qui laissera toujours s’afficher un sourire sur le visage de tous les cinéphiles qui parcourent tout le spectre du cinéma, dans sa qualité comme ses sujets. Car Ed Wood, c’est l’homme qui a été officiellement nommé « Pire réalisateur de tous les temps ». C’est le réalisateur du nanar culte Plan 9 from Outer Space. C’est un homme qui n’hésitait pas à assumer son travestissement et à s’habiller en femme sur ses tournages, que ce soit pour un rôle ou pas. Oui, dans les années 50 et 60 ! Un homme qui était la parfaite antithèse d’Orson Welles, son double maléfique, diront certains, et qui remplissait les mêmes rôles : acteur, scénariste, réalisateur, et producteur. Il n’avait juste pas le talent d’Orson Welles, ni la chance de rencontrer un public réceptif…
Pour plus de détails, n’hésitez pas à aller voir sa biographie sur Nanarland. D’autant que le film ne couvre finalement qu’une courte période (de Glen ou Glenda à Plan 9 from Outer Space) de l’incroyable vie de cet homme.
De fait, une question se pose alors : comment raconter une telle vie, une telle carrière, sans sombrer dans la moquerie facile, devant un tel palmarès de nanars et un tel titre officiel ? Il fallait bien s’appeler Tim Burton pour réussir un tel exploit. Burton, l’homme qui a fait des monstres, des différents, des incompris, de vrais héros de cinéma, s’attaquant au réalisateur le plus moqué et maudit de toute l’histoire d’Hollywood. L’idée était belle, comme celle où son univers rencontrait celui de Batman quelques années plus tôt. Et le résultat l’a été tout autant.
Parce que ce film est une petite perle de tendresse et d’innocente nostalgie envers une époque où le cinéma avait encore beaucoup à raconter mais, surtout, à inventer. Et Ed Wood, tombé dans la science-fiction des pulps de l’époque, et fasciné par les films fantastiques de Bela Lugosi, son acteur fétiche (qu’il fera tout pour relancer, devenant son dernier véritable ami au passage), ne manquait pas d’imagination, bien au contraire. Le cinéma était son rêve, il a tout fait pour le vivre.
Burton nous plonge dans le mal être de Wood (et le noir et blanc y est parfaitement adapté, en plus de faire écho aux films de l’époque), mais aussi dans son infinie passion et son incroyable sincérité. Rien ne fonctionnait sur ses tournages (le film est d’ailleurs à la limite du documentaire sur les séquences de tournage des films), mais il y allait, fermement convaincu qu’il faisait de l’excellent travail. L’insistance de Burton sur l’entourage de Wood est plus que bienvenue : il n’aurait sans doute jamais autant gardé la foi s’il n’avait pas été suivi par un groupe fidèle et loyal jusqu’à la fin.
Le casting est parfait, dans le jeu comme dans le look (qui voit Johnny Depp ici voit clairement Ed Wood vivant sous ses yeux), la musique se fait discrète, préférant laisser parler l’ambiance comme le faisaient ces vieux films d’horreur et fantastiques, et les reconstitutions sont sublimes.
Certes, ici, Burton ne nous plonge pas dans son univers baroque et visuellement exceptionnel, mais il réussit à nous attacher à l’histoire d’un homme devenu, à sa façon, une légende du cinéma. Un homme qui, finalement, était peut-être juste un grand gamin qui tenait à son rêve, quitte à faire absolument n’importe quoi…
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