EDMOND : Les Grosses Ficelles et l'éloge du Factice.

Nous ne ferons pas un procès en originalité à ce film, même si écrire sur la genèse imaginaire d'un chef-d’œuvre est un mode de mise en abyme assez fréquent (on pense à Shakespeare in Love qui était censé montrer la naissance de Roméo et Juliette lors d'un amour secret du grand Will ) c'est surtout un prétexte dramaturgique dans de nombreuses Comédie Musicales (Tous en Scène) . Reconnaissons même à ce spectacle-film, le mérite de remettre le Poète au centre de le Création. A une époque ou l'on met surtout en avant les effets spéciaux, les décors, les "stars" (et ce même au Théâtre) il est bon de rappeler qu'à l'origine de tout chef d’œuvre, il y a une écriture, un Auteur. Mais, justement, ici c'est ce qui manque. Pourquoi diantre, Michalick nous donne-t-il à voir une image erronée, poussiéreuse,et potache du Théâtre ? A qui veut-il faire croire qu'un chef d’œuvre nait sur un coin de table en une nuit, qu'un spectacle en cinq actes se repete-en deux semaines et qu'une habilleuse peut prendre au pied levé le rôle de Roxane en charge, parce qu'elle en connait le texte ??? Certes, on est dans une fiction , une fantaisie imaginaire et pas dans un reportage sociologique sur la création et ses affres, j'entends bien et j'admets, mais pourquoi est-ce aussi vide d'invention ? pourquoi ces images boulevardières, cette esthétique du moche ? ces figurants empaillés dans les scènes de café ou de repetition ? pourquoi tout cela sonne-t-il tellement faux ? PLUS FAUX QUE LE FAUX NEZ DE CYRANO !! Et tout d'abord, et c'est dommage pour lui ,cet acteur charmant mais au phrasé tellement artificiel qui incarne Edmond :Thomas Soliveres pouvait-on trouver acteur moins charismatique ? ! On a peine à croire que du cerveau de cet adolescent moustachu au regard égaré, puisse un jour sortir un chef d’œuvre tel que Cyrano..On le dirait sorti d'une pièce de Labiche , jeune premier gauche et timide..Bon, passons..Certes, il y a des moments plaisants (dus en grand partie au texte de Rostand qui ressurgit alors hors situation ou sur scène). Certes, il y a des participations savoureuses (Clémentine Célarié en Sarah Bernhardt ,Blandine Bellavoir, en petite pute crève l'ecran ) Mais aussi de grosses et lourdingues caricatures (Simon Arbakian mérite mieux que ce proxo caricatural). ...Si encore c’était filmé ou monté avec vivacité , mais point.C'est lourd, lourd et sans surprise. Le seul moment ou la caméra sort du carton pate pour se planter en décor réel, c'est lors de la scène finale du couvent et ça vient comme un cheveu sur la soupe. Saluons Olivier Gourmet qui mériterait bien qu'on lui permette de jouer le role dans une mise en scène plus récente que celle de la création et sous sa propre identité. Il nous donne Coquelin généreux et fantasque . Néanmoins, ce film est loin d'etre une réussite et il ne suffit pas de parler d'un chef d’œuvre pour en produire un. Gageons que , grâce ou a cause de ses facilités et de ses défauts, ce film trouvera néanmoins une large audience.

LADYA
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le 11 janv. 2019

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